Qu’est ce que le péché ?

Transcription de l’exposé du Père Georges Maurice

Le mot « péché »... Un mot très négatif, pratiquement plus utilisé aujourd’hui dans le langage courant... On trouve en revanche les mots « coupables » ou « responsable » !...

Dans l’Ancien Testament, la notion de péché a mis longtemps à s’éclaircir. Trois mots sont employés :

 Le premier évoque l’idée de rater une cible, un manquement....
 Le second évoque l’idée de dévier, traduit en français par transgression. Sortir du chemin...
 Le troisième évoque l’idée de révolte.

Ces trois mots apparaissent par exemple dans le psaume 51. Mais l’idée de faute n’apparait pas encore.
Arrive l’exil à Babylone... Le peuple hébreu fait un examen de conscience. Des questions se posent : si j’ai été envoyé en exil à Babylone, est-ce que ce n’est pas par ma faute ? L’idée de punition apparait dans plusieurs textes. La libération du peuple hébreu et son retour sur sa terre sont vécus comme un évènement miraculeux. Le peuple découvre sa faute, et découvre le pardon de Dieu. Le peuple organise des grandes cérémonies de pénitence communautaire (Cf Néhémie 9, Esdras 9, Daniel 9). On rejoint ainsi nos liturgies communautaires, mais on n’y met peut être pas le même sens que le peuple hébreu !

Trois enseignements :

 la prise de conscience a été longue,
 elle s’est faite à travers des épreuves,
 elle a pris une forme communautaire. Le peuple prend conscience de son destin....

Une quatrième chose commence à apparaitre : cette prise de conscience se fait à travers le pardon.
Pour terminer, on peut dire qu’il y a eu des personnes qui ont senti que derrière cette affaire de péché, il y avec quelque chose d’important : voir certains psaumes, ou Isaïe.

Dans l’évangile, une seule personne se reconnait pécheur : Saint Pierre. Seul l’évangile de Luc nous raconte cet épisode après la pèche miraculeuse. Jésus demande aux apôtres de jeter les filets. Les apôtres font confiance (acte de foi)... Les filets sont remontés pleins de poissons (abondance du don de Dieu), et Simon Pierre tombe à genoux devant Jésus en disant : « Seigneur, éloigne toi de moi, car je suis un pécheur ! ».

Ceci nous montre que la question du péché est difficile ! En parle-t-on d’une manière juste ?

Mais autour de Jésus, il y a un certain nombre de personnes qui font des démarches, sans dire pour autant « j’ai péché » : Zachée, la pécheresse qui verse du parfum sur les pieds de Jésus, la femme adultère... Mais ce mot est important pour Jésus, qui raconte deux histoires où quelqu’un reconnaît son péché : l’enfant prodigue, la parabole du pharisien et du publicain. Jésus veut nous faire comprendre qu’il est important de se reconnaître pécheur ! Mais c’est une démarche difficile et peut-être rare...

Beaucoup de gens ont conscience d’avoir fait des fautes, mais pas forcément d’avoir commis des péchés !

Faire une faute, c’est violer un précepte de morale ou un code légal – par exemple voler, mentir, brûler un feu rouge... Le péché est quelque chose de plus profond ! Ce n’est pas violer un précepte de morale, c’est abimer une relation d’amour avec quelqu’un ! Le péché se situe donc toujours en rapport à la relation avec quelqu’un.

Débat :

Dans l’Ancien Testament, le péché est collectif, dans le Nouveau Testament, il est personnel. Le péché se situe par rapport à l’alliance entre Jésus et son peuple.

Enseignement de Jésus sur le jugement dernier : chaque fois que nous avons fait quelque chose à quelqu’un, c’est à lui que nous l’avons fait... C’est là que se joue la notion de péché : lorsque je blesse quelqu’un, c’est le Christ que je blesse ! Le péché, c’est la faute qui prend toute sa dimension.

Notre conscience nous permet de gérer nos relations entre nous et avec Dieu. C’est un instrument délicat, qu’il ne faut pas fausser ! La relation d’amour que j’ai avec les autres et avec le Christ doit être toujours vraie, juste et profonde...

Jésus est ambitieux pour l’homme : soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Il nous appelle à la sainteté. Avons nous cette ambition ? Être chrétien est un choix de vie. L’amour est exigeant...