Paroisse Saint Loup


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Premier dimanche de Carême – Année B

samedi 17 février 2018 église de Notre-Dame de Commiers

« Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient… »

Le carême s’ouvre par le passage dans les eaux de la purification, celles qu’annonçaient les eaux du Déluge et celles du Jourdain. Ainsi se sont ouverts les temps nouveaux, commencés par l’Alliance avec Noé et accomplis par le baptême du Christ. L’Évangile avertit : « Le règne de Dieu est tout proche. » L’appel de Jésus en donne le contenu : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Il nous dit : Retournez-vous, changez de direction. Reprenez la route vers Dieu et croyez qu’il vient parmi vous. La démarche du baptême accomplit l’une et l’autre demande de Jésus : l’eau purifie et fait jaillir la source de la foi. Le signe accomplit ce qu’il signifie. La vie est transformée, la voie royale s’ouvre devant le peuple de Dieu. Nouvelle naissance, le baptême est un don et une tâche. De même que l’enfant doit devenir un homme, le baptisé doit accomplir sa promesse de devenir le chrétien qu’il a commencé d’être lorsque l’eau a ruisselé sur son front.
Chaque fois que notre foi en Dieu est remise en cause, c’est comme si nous étions en plein désert, menacé par des « bêtes sauvages » qui rôdent autour de nous. Mais les « anges » sont là aussi, pour nous servir. Alors je me demande : qu’est-ce qui pèse le plus lourd dans la balance, la menace des bêtes sauvages ou la protection des anges ? Le Carême est l’occasion pour nous, chaque année, de renouveler notre confiance en la présence de Dieu, en dépit de tout ce qui nous menace sur terre.
Jésus a dû faire face à de grands défis, non seulement dans le désert, mais tout au long de sa vie et de son ministère, jusqu’à la Croix. Il a parfois dû se cacher, quand certains voulaient lui jeter des pierres, ou d’autres le couronner pour le faire roi. Or, même dans les moments de rejet, Jésus a continué à compter sur l’amour de son père.
Alors peut venir aux lèvres cette simple prière : Dieu tout puissant, que le Carême soit pour nous l’occasion de renforcer notre foi dans ta présence aimante, même dans les moments les plus difficiles.
Au désert, Jésus n’a pas échappé au combat spirituel. La lutte contre Satan au désert, la familiarité avec les créatures matérielles (les animaux) et spirituelles (les anges) : plusieurs saints, comme Antoine, le Père des moines D’Égypte, ont vécu une expérience similaire à celle de Jésus à l’aube de son ministère public. Il ne s’agit pas de légendes pieuses, mais de signes d’une vérité profonde. En son Fils incarné, Dieu, vainqueur du mal, réconcilie la Création tout entière. Il la ramène à la situation de paix des origines, accomplissant les prophéties messianiques d’Isaïe : « Sur le nid du cobra l’enfant étendra la main… » Isaïe XI, 8 Ne serait-ce pas un enjeu du combat spirituel du temps de Carême ? Esprit Saint, viens faire de nous des êtres réconciliés, pacifiques et pacifiants !
Pour conclure cette prédication, je souhaiterais m’effacer derrière les si belles intuitions spirituelles et théologiques d’Origène, inspirées par la Parole de Dieu : La vie des mortels est remplie de pièges qui font trébucher, remplie des filets des tromperies. Et parce que l’ennemi avait tendu partout ces filets, et qu’il y avait pris à peu près tous les hommes, il a été nécessaire que paraisse quelqu’un qui soit plus fort pour les dominer, les rompre, et frayer ainsi la voie à ceux qui le suivaient. C’est pourquoi, avant de venir s’unir l’Église comme son épouse, le Sauveur aussi est tenté par le diable. Il enseignait ainsi à l’Église que ce n’est pas par l’oisiveté et les plaisirs, mais par bien des épreuves et tentations, qu’elle devrait venir au Christ. Il n’y avait en effet personne d’autre qui aurait pu triompher de ces filets. « Car tous ont péché », comme il est écrit (Romains III, 23). Notre Seigneur et Sauveur Jésus est le seul qui « n’a jamais commis de péché » (1 Pierre II, 22). Mais le Père « l’a identifié au péché pour nous » (2 Corinthiens V, 21) afin que « dans notre condition humaine de pécheurs, à cause du péché, il détruise le péché » (Romains VIII, 3). Jésus est donc entré dans ces filets, mais lui seul n’a pas pu être enlacé par eux. Bien plus, les ayant rompus et déchirés, il a donné confiance à l’Église, si bien qu’elle ose désormais fouler aux pieds les pièges, franchir les filets, et dire en toute allégresse : « Notre âme comme un oiseau s’est échappée du filet des chasseurs. Le filet a été rompu, et nous avons été libérés » (Psaume CXXIII, 7).
Commentaire sur le Cantique des cantiques III, 27-33 ; « Sources Chrétiennes » 376

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Genèse IX, 8-15 ;
Psaume XXIV (XXV) ;
Première Lettre de saint Pierre Apôtre III, 18-22 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc I, 12-15.