Paroisse Saint Loup


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Dix-huitième dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Samedi 04 août église de saint-Paul de Varces et Dimanche 05 août à Vif

Venir à Jésus, croire en Lui

Par le geste spectaculaire de la multiplication des pains destinée à apaiser la faim physique, le Seigneur a voulu préparer ses auditeurs à la découverte d’un autre pain : « le pain de Dieu », seul capable de répondre à la faim du cœur humain. Le Christ veut les amener à élever leur regard des réalités terrestres, destinées à disparaître, vers les réalités d’en haut, où se trouve la vraie patrie de l’homme.
Au soir de la multiplication des pains, Jésus a obligé ses apôtres à s’éloigner en reprenant la barque, tandis qu’il se retirait dans la montagne pour prier son Père. La foule s’est dispersée, mais un certain nombre de ceux qu’il a nourris sont restés sur place et ils peuvent ainsi guetter son retour. Car ils sont toujours mordus par leur projet de le faire roi. Mais il n’a pas reparu, et au matin, ils reprennent le chemin de Capharnaüm. C’est là qu’ils le retrouvent, et ils s’étonnent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Il faut être oriental pour saisir les nuances des questions posées à quelqu’un dont on ignore les dispositions. On l’aborde avec des formules de politesse, des compliments, des considérations générales… Mais Jésus esquive leurs questions pour mettre en lumière le fond de leur pensée. S’ils le cherchent, ce n’est pas parce qu’il leur a montré les signes de la présence du Royaume, mais plus simplement parce qu’il les a nourris. Il rectifie leur pensée en leur recommandant de travailler « pour la nourriture qui demeure en vie éternelle ». Mystérieuse promesse, comme celle faite à la Samaritaine d’une « source d’eau jaillissant en vie éternelle » !
Comme les auditeurs du Christ sont loin de ses pensées ! Ils veulent des réponses faciles, des recommandations accessibles à leur intelligence et à leur volonté. Que leur faut-il faire pour gagner ce pain du Ciel ? Ils sont prêts à travailler aux œuvres de Dieu, comme nous, souvent, nous croyons qu’il nous faut nous rendre dignes de Dieu par nos actions.
Mais ce n’est pas cela que le Père attend. Ils ont demandé : « quelles œuvres… ? » Le Christ leur répond : « L’œuvre de Dieu… » Il n’y en a qu’une : « c’est de croire en Celui qu’il a envoyé ». Il ne s’agit pas de bonnes œuvres accomplies en vue de Dieu. Il s’agit de croire. C’est moins laborieux mais plus exigeant. Croire, en effet, ne signifie pas une simple adhésion de l’intelligence, mais un engagement de tout l’être.
Il y a quelques jours à peine, le Seigneur a refusé d’être reconnu comme le Messie, et il se présente maintenant ouvertement comme l’Envoyé de Dieu.
La Samaritaine avait objecté : « Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits ? » Eux rétorquent : « Quel signe fais-tu donc pour qu’à sa vue nous croyions ? »
« Moïse a fait mieux que lui », pensent-ils : c’est chaque nuit que la manne recouvrait le sol, et elle avait un goût délicieux. Lui, il n’a fait qu’une seule fois le miracle, et avec des pains d’orge.
Décidément, le Christ et ses contemporains ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde. Pourtant, Jésus ne désespère pas de les ouvrir à la vraie lumière, à la vraie manne, au vrai pain…
Le Seigneur va développer sa réponse crescendo. La manne a nourri les corps. Le pain qu’il propose nourrit l’âme. La manne et le pain multiplié ne sont qu’une image pour l’apaisement d’une faim naturelle toujours renouvelée. Le pain, que le Christ promet, est source de vie impérissable. Ce pain, c’est Jésus qui se donne car il est l’Envoyé du Père. Celui qui vient à lui n’aura plus jamais faim et celui qui croit en lui n’aura plus jamais soif.
Cette fois-ci, ils ont entendu le Seigneur. Et ce pain suscite chez eux le même intérêt que l’eau pour la Samaritaine : « Donne-nous toujours de ce pain-là ».
Mais ce pain, c’est Jésus. Il est le pain de vie par toute sa personne, par ses paroles et par ses actions. En descendant parmi les hommes, au jour de son Incarnation, il est devenu le pain véritable qui nourrit notre foi et nous procure la vie éternelle. Et il veut que cette vie, une vie qui dépasse toutes les limites et les apparences, nous l’ayons en plénitude.
L’homme est un être de désir. Ce ne sont pas les sciences humaines qui l’ont découvert, saint Augustin, au début du Vième siècle, l’évoquait déjà. La faim et la soif, dont Jésus parle, c’est le désir ardent de tout ce qui mène à Dieu.

Seigneur, nous voulons prendre du temps pour t’adorer dans le Saint Sacrement. Quand nous te contemplons, notre désir se renouvelle. Nous ne comprenons pas ce mystère mais nous désirons en vivre. En recevant ton pain de vie, nous nous sentons transformés. Tu nous combles au plus intime de nous-mêmes. Nos actes en sont transfigurés. Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là !
« Comblé par ta présence, je m’infinis en toi.
Mon cœur de son extase a peine à s’éveiller. »

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Exode XVI, 2-4. 12-15 ; Psaume LXXVII (LXXVIII) ;
Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens IV, 17. 20-24 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean VI, 24-35