Paroisse Saint Loup


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Vingt-et-unième dimanche du Temps Ordinaire – Année B

S 25/08/2018 église de Saint-Georges-de-Commiers et D 26/08/2018 église Saint Jean-Baptiste de Vif

« C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien »

Dans l’évangile de ce dimanche, Jean nous montre la réaction des disciples qui se scandalisent et cessent de suivre Jésus. L’Esprit est indispensable à la compréhension des propos rudes que Jésus vient de tenir. Les paroles que prononce le Fils, Parole incarnée, sont pénétrées de l’Esprit et du pouvoir vivifiant qui est le propre de Dieu. Il faut l’action de l’Esprit divin dans le cœur de l’homme pour les comprendre dans leur mystérieuse profondeur. Saint Paul écrit à juste titre : « La lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (Deuxième Épitre aux Corinthiens III, 6) et Jésus nous affirme que « c’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien ». Ces paroles éclairent le mystère eucharistique. La présence réelle du Christ n’est pas une sorte d’image du sacrifice de la Croix. Le Christ ressuscité se rend réellement présent à la communauté des croyants par l’action de l’Esprit-Saint.
On ne peut pas tout méditer dans ce que nous propose un passage d’Évangile aussi riche que celui que nous venons d’entendre. Alors, il faut choisir. Pour ma part, j’ai souvent entendu parler – et j’ai fait moi-même un certain nombre d’homélies – sur la réponse de Pierre : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? »
C’est une question importante. « Oui, Seigneur, en ce moment de ma vie, au creux de telle épreuve, qui, mieux que Toi, pourrait me donner un peu d’espérance ? N’est-ce pas Toi qui as les paroles de la Vie ? »
Mais il y a une question que Jésus pose à ses disciples qui m’interpelle aussi. C’est quand il leur dit : « Cela vous heurte ? » Jésus sait très bien que certaines de ses déclarations sont difficiles à comprendre, surtout lorsqu’il parlait des souffrances ou de la mort qu’il aurait à subir. Par ailleurs, les disciples n’étaient pas tous des érudits ou des intellectuels et il arrivait que Jésus emploie des mots qui pouvaient avoir plusieurs significations. Ainsi en est-il du mot « chair ». au début du texte, Jésus dit : « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien ! »
D’ailleurs, des mots qui ont plusieurs sens, cela existe aussi dans la langue française. Prenons par exemple le mot « peine ». Je peux avoir beaucoup de « peine » à accepter telle ou telle chose : ce mot a ici le sens de « difficulté ». Mais je peux aussi éprouver beaucoup de peine par rapport à une épreuve, ce qui signifie alors des « émotions », de la « souffrance ».
Les spécialistes des textes bibliques ont donné une explication, mais les disciples, eux, n’y comprenaient rien… Et c’est pour cela que, comme le dit le texte : « Beaucoup de ses disciples qui avaient entendu s’écrièrent : ‘ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !’ »… La suite du texte nous apprend que Jésus, lui-même, reconnaît que la signification de certaines de ses paroles et de ses gestes est incompréhensible sans un certain éclairage que Jésus appelle l’Esprit.
Alors, qu’est-ce que tout cela veut dire pour nous ?
Et bien, sans nous culpabiliser, sans croire que ce pourrait être un péché, acceptons de ne pas tout comprendre. Notre foi en Dieu est un choix, elle n’a pas été un « paquet tout ficelé » déposé dans notre berceau.
La foi est une croissance, elle est un acte de confiance fait par amour, et comme c’est l’intimité qu’ils vivent qui permet à deux époux d’apprendre, petit à petit, à se connaître, c’est l’intimité, le cœur à cœur que nous vivrons avec la Parole de Jésus qui nous permettra de mieux comprendre ce qu’il nous dit, ce à quoi il nous appelle et ce qu’il peut être pour nous.
Selon notre culture, notre sensibilité, notre parcours personnel, il peut y avoir des questions sur tel ou tel passage d’Evangile, sur l’Eglise ou sur certaines de ses décisions, sans pour autant remettre en cause notre attachement ou notre confiance en Dieu.
Au creux de nos interrogations ou même de nos doutes, n’est-ce pas l’Esprit qui murmure en nous qu’en dépit de nos questions sans réponses, c’est encore la Parole de Dieu qui nous apporte le plus de lumière et de cohérence dans notre vie ?
Et puis la paix et la joie qui nous habitent quand nous choisissons de faire quelque chose pour les autres, ne sont-elles pas le signe que ces chemins de service et d’amour sont vraiment ceux qui nous mènent à la rencontre de Dieu ?
Enfin, soyons également sensibles au message des autres textes de cette messe qui nous disent que la fidélité est un choix qui est toujours à reposer en toute liberté, parce que la fidélité est toujours un choix d’amour à vivre au quotidien.

Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ?

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre de Josué XXIV, 1-2a. 15-17. 18b ; Psaume XXXIII (XXXIV) ;
Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens V, 21-32 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean VI, 60-69.