Paroisse Saint Loup


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Troisième dimanche du Temps Ordinaire – Année C

27 janvier 2019 église Saint Jean-Baptiste de Vif

Jésus, le Messie

Jésus se rend à la synagogue de Nazareth. La lecture qu’il fait est inspirée par l’Esprit-Saint et lui permet de donner son interprétation d’un passage du livre d’Isaïe. Il ne dit pas à ceux qui sont présents qu’il est le Messie mais il leur donne les moyens de le croire afin qu’ils demeurent libres d’accepter ou non cette réalité. Comme au temps de Jésus, cette révélation nous est proposée encore aujourd’hui. En l’acceptant, nous reconnaissons en Lui le Messie qui réconforte et libère les opprimés.
L’auditoire du Christ lisant et interprétant le prophète est comme un écho du récit de Néhémie rapportant le rassemblement de tout le peuple (les hommes, les femmes et même les enfants !) de retour à Jérusalem après cinquante ans d’exil. Tout ce peuple écoute la lecture de la Loi. C’est pour tous un moment d’intense émotion que de pouvoir de nouveau entendre la Parole de Dieu, enfin réunis sur cette terre qui leur a été donnée. Saurons-nous, nous aussi, écouter avec reconnaissance et attention la parole que Dieu nous donne aujourd’hui ?
Quant à saint Paul, il se plaît à comparer les membres des communautés chrétiennes, et plus généralement l’Eglise, au corps humain. Cette comparaison nous fait bien comprendre deux choses très importantes. La première, c’est que nous sommes différents les uns des autres et que nous avons des responsabilités spécifiques dans le fonctionnement de la famille des chrétiens. La seconde est que nous sommes tous unis au Christ et que nous devons agir non pour nous-mêmes, mais pour le bien de tous.
C’est par une très belle « période », d’une grande richesse littéraire, que Luc commence son évangile, le troisième dans l’ordre de nos Bibles. La liturgie de ce dimanche y associe la prédication inaugurale de Nazareth.
Luc aurait pu ne pas écrire son évangile, puisque d’autres l’ont déjà fait, selon ses dires mêmes. On peut se demander pourquoi n’avoir retenu que quatre évangiles qui, de plus, ne disent pas toujours la même chose ! Dès le milieu du deuxième siècle de notre ère, vers 150, Justin atteste de l’existence des quatre évangiles dans une même collection, mais c’est le canon de Muratori, daté de 180 et situé à Rome, qui témoigne le premier de manière officielle de la liste des livres néotestamentaires.
On trouve successivement les quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) qui racontent la vie de Jésus. Il ne s’agit pas de biographies historiques mais de témoignages de croyants, ce qui explique les divergences qui n’affectent pas le message essentiel, la Bonne Nouvelle de salut pour tous les hommes. Les plus vieux fragments du Nouveau Testament datent du second siècle de notre ère, les papyri Ryland et Bodmer, et les manuscrits les plus anciens qui contiennent le Nouveau Testament en entier datent du IVème siècle : il s’agit de deux codex, le Vaticanus et le Sinaïticus.
Après le retour de Babylone, passé l’enthousiasme des premiers moments, Israël a dû se reconstruire sur de nouvelles bases. L’institution royale avait disparu, le temple, certes, fut reconstruit, mais il ne suffisait plus à signifier la relation à Dieu. La diaspora devint une réalité prégnante, même en terre d’Israël, du fait de ceux qui étaient restés attachés aux traditions qui leur avaient permis de survivre.
C’est la lecture de la Parole : Torah et Prophètes, sa méditation, son interprétation qui deviennent le pilier fondamental de la vie religieuse. Sa proclamation solennelle marque le début d’une nouvelle manière d’être en Israël : le Judaïsme s’enracine là et la date souvenir de cette lecture de la Torah marque le début de l’année juive.
Le texte de Néhémie montre que nos racines plongent dans le Premier Testament, même en matière de liturgie eucharistique. Nous pouvons nous reconnaître héritiers de cette proclamation solennelle, mais nous recevons la Parole dans nos langues vernaculaires, comme l’a voulu Vatican II. Elle nous est commentée pour que nous puissions la mettre en œuvre dans notre quotidien. Si nous partageons, nous aussi, un repas, ce n’est plus celui de nos retrouvailles, mais le mémorial du Seigneur.
Quand Jésus, dans la synagogue de Nazareth, déroule le livre d’Isaïe, en fait la lecture et le commente, il se situe dans le cœur de la tradition dont le récit de Néhémie rappelle l’origine. Là où il se démarque, c’est quand il s’applique à lui-même et à son action puissante le texte lu. Sans le dire, il se présente comme celui qui vient combler l’attente d’un sauveur. Dans l’écoute de la Parole, dans le pain et le vin partagés, baptisés, nous formons un seul corps (deuxième lecture, 1 Corinthiens XII, 12-30). Certains clivages, alors fondamentaux pour la vie sociale, disparaissent : l’appartenance ou non à la judéité, la citoyenneté, s’effacent au profit de la fraternité. En elle, chacun est solidaire du tout ; il a sa place particulière au service des autres.
Globalement, cela nous semble évident, mais quand il faut laisser sa place à ceux qui ne pensent pas ou ne se conduisent pas comme nous, il est bon de relire la première lettre de saint Paul aux Corinthiens. Elle est très actuelle.

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre de Néhémie VIII, 2-4a. 5-6. 8-10 ; Psaume XVIIIa (XIX) ;
Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens XII, 12-30 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc I, 1-4 ; IV, 14-21.