Paroisse Saint Loup


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Vingt-huitième dimanche du Temps Ordinaire – Année C

samedi 12/10/2019 église de Notre-Dame-de-Commiers et dimanche 13/10 église Saint-Pierre de Varces

1/10 : félicitations !

« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! » La foi de Naaman comme celle du lépreux de l’évangile se manifeste par l’obéissance à la Parole de Dieu : celle du prophète ou celle de Jésus. L’obéissance conduit à la réalisation de la promesse d’une part et à la confession de foi ou à l’action de grâce d’autre part. Il faut avoir la foi pour reconnaître l’action de Dieu dans nos vies. C’est-à-dire qu’il faut avoir entendu la Parole de Dieu, il faut avoir cru en ses promesses et sa puissance, il faut avoir reconnu humblement son accomplissement, il faut ensuite confesser les merveilles de Dieu ainsi que nous y invite le psaume de ce dimanche, de sorte que le monde sache enfin, il faut faire monter vers Dieu le sacrifice d’action de grâce. Dans un monde qui n’écouterait pas la Parole de Dieu, qui pourrait porter attention aux promesses qu’elle annonce ? Qui oserait avoir l’espérance de l’impossible ? Un homme qui ne demande jamais rien est tenté de penser qu’il obtient tout par ses propres mérites. De là, il ne lui vient pas à l’idée de remercier qui que ce soit ni de chanter les louanges de l’auteur de toute grâce.
Le demi-tour du Samaritain purifié de sa lèpre nous invite à retenir « le trésor de cet évangile, caché dans un petit mot : merci » (Benoît XVI). « Ta foi t’a sauvé » dit Jésus à cet étranger reconnaissant : être guéri ne suffit pas, il faut encore être sauvé.
La guérison du général syrien Naaman annonce celle d’un autre étranger, le dixième lépreux de l’évangile. La liturgie retient trois éléments essentiels de son histoire : son baptême dans le Jourdain, son action de grâces et sa profession de foi.
Le Dieu d’Israël est le sauveur du monde : il révèle sa justice à la face des nations. Tous les peuples sont invités à voir le salut et à le glorifier comme Naaman et le dixième lépreux.
Très peu de temps avant son exécution, Paul livre à Timothée le cœur de son évangile : « Souviens-toi de Jésus-Christ, le descendant de David, ressuscité d’entre les morts » ; et son chant pascal : « Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons… »
Dix lépreux s’approchent de Jésus ; tous, il les renvoie avec un miracle en bourgeon dans leur acte de foi : aller se montrer aux prêtres pour faire constater leur guérison, ou du moins celle qui leur est implicitement promise. Ils se mettent en chemin et la guérison éclot. Neuf vont se montrer aux prêtres de la loi ancienne, un seul vient se montrer au Prêtre de la Loi Nouvelle. Neuf ont obéi à la loi mosaïque, selon laquelle il est écrit que le prêtre doit constater la guérison puis effectuer les sacrifices prescrits pour rendre grâce (Lévitique XIV). Un seul a suivi la loi messianique en écoutant l’élan de son cœur et en remerciant son bienfaiteur, faisant acte de justice et de charité. Sa foi en la parole de Jésus l’a purifié de la lèpre ; sa foi dans le sacerdoce de Jésus l’a sauvé. Et pourtant il était Samaritain…
Et les neuf autres, où sont-ils ? Bah… Ils sont allés se montrer aux prêtres. Ils n’ont pas reconnu la messianité de Jésus. Ils sont comme Naaman le Syrien : ils s’attachent au prophète plutôt qu’à Dieu, ils s’attachent à la prescription plutôt qu’au message, ils sont comme les idiots du proverbe chinois : tandis qu’on leur montre la lune, ils regardent le doigt ! Et nous ? Obtiendrons-nous la bonne note, celle de 1/10 ? Serons-nous de ceux qui ont compris ? Nous avons la chance d’être des Juifs, pas des Samaritains : nous avons eu le bon catéchisme, les bonnes réponses, nous lisons le Magistère et connaissons nos prières. C’est bien. Mais Jésus pense que cela ne suffit pas. Il pense qu’être un peu Samaritain sur les bords est salutaire. Les Samaritains prétendent que la relation à Dieu est plus subtile que les Juifs ne veulent bien le dire, et qu’il n’y a pas qu’à Jérusalem que l’on peut offrir un sacrifice ; ils estiment que les choses sont plus compliquées, que les angles sont moins saillants que ne pourraient le prétendre les Juifs. Ils ne sont pas bien certains d’être les purs et restent en questionnement au sujet de Dieu.
L’Église, quant à elle, est à la fois juive et samaritaine : elle énonce les principes immuables reçus de la Révélation et elle prie l’Esprit-Saint quotidiennement pour savoir les appliquer. Elle appelle à la vie sacramentelle tout en sachant que les sacrements ne sont que les moyens ordinaires du salut et que les moyens extraordinaires que Dieu se permet sont nombreux et incessants. Elle publie un code de droit canonique tout en affirmant que la loi suprême consiste dans le salut des âmes. L’Église est le nouvel Israël, Juifs et Samaritains réunis.
Puisse le Seigneur nous compter parmi ses élus, juifs dans nos convictions et samaritains dans nos actions !
Puissions-nous vivre une authentique relation d’amour avec Jésus à la suite des saints, spécialement sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, co-patronne des Missions et fêtée au début de ce mois. Aimons Jésus, adorons Jésus, faisons-Le connaître et aimer !

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Deuxième Livre des Rois V, 14-17 ; Psaume XCVII (XCVIII) ;
Deuxième Épître de Saint Paul Apôtre à Timothée II, 8-13 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc XVII, 11-19