Paroisse Saint Loup


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Homélie pour la Solennité de la Toussaint 2019

Vendredi 01 novembre église Saint Jean-Baptiste, Vif

Tous Saints !

Les saints sont innombrables ; ce passage du livre de l’Apocalypse nous fait contempler « la foule immense des rachetés, de toutes nations, races, peuples et langues ». Au temps de saint Jean, elle se compose uniquement des premiers chrétiens persécutés.
Pour être sauvés et pour participer à la gloire des élus, pour qu’à notre dernière heure s’ouvrent les portes éternelles, sachons garder « notre cœur pur, nos mains innocentes » et sanctifions le nom de Dieu dans la prière, à l’école du psalmiste.
Dès maintenant, si nous vivons du dynamisme de la grâce, c’est notre propre Toussaint que nous anticipons. A la suite du Fils nous hériterons du Royaume des « enfants de Dieu que nous sommes » depuis le jour de notre baptême.
Nous disposons de cette belle fête de la Toussaint pour nous questionner sur notre bonheur. Les béatitudes nous aident à faire un examen de conscience sur le chemin du bonheur selon l’Évangile, un bonheur qui passe par la croix, inséparable de la résurrection.
Les béatitudes ne sont nullement une invitation à rechercher le malheur sur la terre. Elles sont d’abord et avant tout un portrait intérieur du Christ en relation avec son Père, puis un portrait du chrétien se considérant à la lumière de la Vérité, au travers de toutes les tribulations qu’il peut rencontrer. Elles signifient que pour chaque chrétien, revivant dans sa chair la Passion du Christ, la résurrection est déjà à l’œuvre et le rejoint d’une certaine manière dans son existence. C’est bel et bien l’expérience de saint Paul qui fait l’expérience de cette joie infinie au cœur de ses épreuves (2 Corinthiens) : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. Dans ma faiblesse concrète peut se déployer la force de Dieu. »
En ce jour de la Toussaint, nous fêtons en une seule fois tous les saints du Ciel. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face nous rappelle que « rien ne nous assure que les saints canonisés soient les plus grands » . Aujourd’hui, c’est tout particulièrement la foule des anonymes que nous tenons à honorer, cette « foule immense que nul ne pouvait dénombrer » . C’est donc bien la fête des saints que nous avons connus ; ils nous précèdent dans la Maison du Père. C’est la fête des saints de nos familles, tous ces ancêtres qui sont désormais dans la gloire pour l’éternité, ceux qui nous ont transmis la foi en Jésus-Christ.
Tous ces saints nous donnent de l’espérance. Leur diversité nous révèle qu’ « il y a de nombreuses demeures dans la Maison du Père » . Ils nous attirent tous et de manière réelle, par le mystère de la communion des saints. Frères et sœurs aînés, qui intercèdent pour nous auprès du Père, ils nous viennent en aide car ils connaissent intimement les limites de notre humanité, nos combats et nos souffrances. Les saints ne sont surtout pas des retraités de notre humanité qui voudraient profiter égoïstement de leur vie éternelle chèrement acquise en se contentant de toucher leurs dividendes. En eux demeure seulement la Charité ; elle les rend attentifs aux besoins de leurs frères qui sont encore sur la terre, c’est la sollicitude de l’Église triomphante pour l’Église militante. Sainte Thérèse de Lisieux affirmait encore, avant de mourir : « Je passerai mon Ciel à faire du bien sur la Terre. »
N’hésitons donc pas à nous faire des amis dans le Ciel ! D’abord parmi les saints que l’Église offre à notre dévotion ; nous avons sûrement des affinités avec certains, par notre désir de leur ressembler ou bien par les points communs entre la destinée de leur vie et la nôtre. Une amitié mystérieuse mais authentique peut naître entre eux et nous. Ne dit-on pas que ce sont eux qui nous choisissent ? Puis parmi les saints non canonisés, non officiels : tel ami décédé au terme d’une vie édifiante, telle grand-mère égrenant continuellement son chapelet, ayant si simplement transmis sa foi. Si nous n’avons pas la certitude qu’ils sont auprès de Dieu, comme c’est le cas pour les saints reconnus et proclamés par l’Église, nous pouvons demander leur aide avec profit, d’autant plus s’ils nous sont très proches. Les saints ne sont ni des super-héros ni des personnages de fiction, plus ou moins légendaires ou chimériques, ils sont encore moins des êtres du passé. Non, ils sont vivants auprès de Dieu et, d’une manière plus mystérieuse mais tout aussi réelle, auprès de nous. Nous confier à leur intercession ne place pas un écran entre Dieu et nous. Au contraire, les fréquenter nous rapproche du Christ, source unique de la grâce qui nous fait vivre. Ils sont autant d’amis du Roi du Ciel qui peuvent nous introduire auprès de Lui.
En ce jour, sachons rendre grâce à Dieu pour la sainteté de l’Église. Elle resplendit dans la vie des saints, au premier rang desquels se tient la Vierge Marie. Ils nous indiquent le chemin, pour reprendre l’attitude bien connue de saint Jean-Marie Vianney avec le petit berger d’Ars. Alors demandons à Dieu de savoir les suivre par une vie de plus en plus fidèle !

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques : Livre de l’Apocalypse VII, 2-4.9-14 Psaume XXIII (XXIV) Première Épître de saint Jean III, 1-3 Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu V, 1-12a