Paroisse Saint Loup


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Baptême du Seigneur

Dimanche 12 janvier 2020, à Varces

Il convient que nous accomplissions ainsi toute justice

Pour les spécialistes, un passage d’évangile peut être considéré comme historique – entre autres critères – s’il pose un problème tel que l’auteur de l’évangile ne l’aurait certainement pas inventé ! C’est ce qu’on appelle le critère de l’embarras...
Nous avons donc ici affaire à un événement de la vie de Jésus qui est certainement historique, d’autant plus qu’il est relaté dans trois évangiles ! Et il est embarrassant pour au moins deux raisons :
• la première est qu’il place Jésus en situation d’inférieur par rapport à Jean Baptiste,
• la seconde est que le baptême donné par Jean est, selon les évangiles, un baptême de conversion pour le pardon des péchés ! C’est quelque chose de plus qu’un simple rite de purification comme il pouvait déjà s’en pratiquer à l’époque !
Il est donc surprenant que Jésus vienne recevoir le baptême de Jean-Baptiste ! Jean annonce la venue du Sauveur qui viendra établir le royaume de Dieu, il appelle ses auditeurs à la conversion, et il propose le baptême comme moyen d’obtenir le pardon des péchés. Et voici que Jésus, en qui il reconnaît le Sauveur attendu, qui est sans péché et n’a pas besoin de se convertir, se présente à lui pour recevoir le baptême ! On peut comprendre la surprise et le refus de Jean ! Comment Jésus pourrait-il se reconnaître des péchés et se convertir ?
D’où l’embarras du prédicateur appelé à commenter ce texte... Heureusement, le baptême de Jésus doit bien faire l’objet d’un chapitre dans tous les traités de théologie consacrés à Jésus, ce qui nous met à l’abri de spéculations hasardeuses....
Joseph Ratzinger, le pape Benoit XVI, nous donne une explication lumineuse dans son livre « Jésus de Nazareth » :
« C’est en partant de la croix et de la résurrection que les chrétiens ont compris ce qui s’était passé : Jésus a pris sur ses épaules le fardeau de la faute de l’humanité entière et l’a porté en descendant dans le Jourdain. Il inaugure sa vie publique en prenant la place des pécheurs. Il l’inaugure en anticipant la croix. […] C’est uniquement avec la croix que se révèle toute la signification du baptême de Jésus, son consentement à prendre sur lui tout ce qui est « juste ».  »
En somme, dans ce passage d’évangile, nous avons en résumé toute l’histoire de salut : celle d’un Dieu qui se fait homme, qui partage tout de la condition des pécheurs – sauf le péché lui-même, qui prend sur lui tous nos péchés jusqu’à mourir sur une croix en compagnie de deux pécheurs de la pire espèce, des brigands !
Et ce n’est alors pas pour rien si c’est à la suite de cet épisode que les évangélistes placent la manifestation de l’identité du Christ : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie  ».
En recevant la baptême de Jean, Jésus lui donne une nouvelle signification : il s’agit de se mettre à sa suite, de passer par la mort à son ancienne vie pour renaitre à une vie nouvelle !
Maintenant, regardons la phrase de Jésus : « il convient que nous accomplissions ainsi toute justice  ». Pour Matthieu, la justice dont il s’agit, c’est d’accomplir la volonté de Dieu...
Par notre baptême, nous sommes passés par la mort et la résurrection de Jésus, et nous sommes appelés à poursuivre son oeuvre de salut dans ce monde. Nous sommes alors appelés nous aussi à accomplir toute justice, à faire la volonté de Dieu. A la faire instant après instant, dans les petites et les grandes choses !
Bien sûr, la volonté de Dieu sur nous n’est pas toujours claire, il nous arrive d’avoir du mal à la discerner ! Mais si souvent, nous échouons à faire ce que Dieu nous demande, il nous offre toujours une nouvelle chance !
Amen

Gilles Berger Sabbatel

Références des textes liturgiques :
Livre d’Isaïe 42, 1-4.6-7 ;
Psaume 28 (29) ;
Actes des apôtres 10, 34-38 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1, 3, 13-17.