Paroisse Saint Loup


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Dimanche des Rameaux, 5/04/2020, Année A

La croix et la joie

Ce dimanche des Rameaux-et-de-la-Passion ouvre la Semaine sainte. Par la procession des rameaux, qui tient lieu de chant d’entrée, nous participons au triomphe messianique de Jésus et anticipons sa victoire pascale. Recevons aussi d’un cœur ouvert les enseignements de sa Passion pour avoir part à sa résurrection (collecte). Après « la Passion selon Isaïe » (première lecture) prolongée par le plus grand psaume de la Passion (Psaume XXI), communions aux sentiments du Christ en écoutant « la Passion selon saint Paul » (deuxième lecture). Enfin, soyons attentifs au long récit de « la Passion selon saint Matthieu ». Ce dernier insiste sur la responsabilité des dirigeants de son peuple dans ce drame où l’obéissance filiale de Jésus scelle le nécessaire « accomplissement des Ecritures ». Réparons l’injustice de la Passion en confessant dans l’innocent livré et humilié pour nous, le Roi des Juifs, le Messie, le Juste, le Fils de Dieu.
Avec la première lecture empruntée au Livre d’Isaïe nous est dépeint le portrait du prophète humilié, torturé, mais plein de confiance en Yahvé, un portrait qui préfigure le Christ à l’heure de sa Passion.
Comme Jésus, nous rencontrons de nombreux moments dans notre vie où nous souffrons. Le psaume de ce dimanche permet, dans ces circonstances, de s’en remettre à Dieu, dans la persévérance et l’espérance.
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous expose comment Jésus, par obéissance, par amour absolu, s’abandonne à la volonté divine.
Et chaque personne figurant dans le récit de la Passion selon saint Matthieu (Judas, apôtres, romains, Caïphe, Juifs…) est confrontée à la vérité qu’est le Christ. Chacun, qu’il soit traître, dormeur, soldat, juge, ou dans la foule, se retrouve responsable des souffrances du Christ qui offre sa vie pour eux et pour nous.
C’est ainsi que je propose qu’avec Jésus, nous nous attachions à nous dépouiller de toute mondanité pour connaître la joie de l’Evangile ! Ce dimanche des Rameaux nous introduit dans la Semaine sainte. Se dépouiller de la mondanité, Jésus l’a réalisé d’une manière héroïque ! La joie de l’Evangile n’a pas déserté l’âme de Jésus malgré le sentiment de l’abandon de son Père ! Vivons avec Jésus et dépouillons-nous joyeusement de toute mondanité !
Hosanna au Fils de David ! Qu’on le crucifie, que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! Nous avons entendu en ce dimanche ces deux cris de foule absolument contradictoires. Comment est-il possible que Jésus ait pu être acclamé comme le Fils de David, roi, messie, et que la foule demande sa crucifixion quelques jours plus tard ? Benoît XVI, dans son livre sur Jésus, a souligné que, de fait, ceux qui ont acclamé Jésus le jour des Rameaux ne sont pas les mêmes que ceux qui ont demandé sa mort. Mais ils étaient bien membres du peuple de Dieu. Nous sommes en présence du mysterium iniquitatis dont parlait Jean-Paul II dans son livre Mémoire et identité. Les deux évangiles de la liturgie de ce dimanche nous interrogent : quelle est notre relation à Jésus ? Notre vie chrétienne est-elle vraiment fondée sur lui ? Notre pape François rappelle que l’on ne peut vivre une vie chrétienne sans Jésus ! Mais que signifie être chrétien sans Jésus ? Désirons, en entrant dans la Semaine sainte, partager les sentiments des disciples qui ont acclamé Jésus et prions pour les jeunes du monde entier.
Admirons l’humilité de Jésus : il n’entre pas en triomphateur à Jérusalem, mais assis sur une ânesse. La royauté pour lui est un service accompli dans l’humilité et l’amour ! Adorons notre roi doux et humble de cœur et imitons-le en servant pour faire régner son amour !
La liturgie de la messe nous introduit à la Passion. Isaïe nous fait contempler le serviteur souffrant. Le Vendredi saint, nous méditerons la plus émouvante prophétie de ce serviteur. Ce n’est pas pour rire que Jésus nous a aimés ! Comment ne pas être touchés au plus profond de nous-mêmes par le psaume 21 ? Prions Notre-Dame des Douleurs de nous aider à pénétrer la déréliction de Jésus crucifié, qui a ressenti l’abandon de son Père, mais a tout offert pour notre salut. Aimer, pour Jésus, c’est bien tout donner et se donner soi-même ! La Passion est une Passion de souffrance et d’amour.
Saint Paul révèle la kénose du Fils de Dieu : il s’est vidé de sa divinité pour devenir notre frère et accomplir l’œuvre de notre rédemption. Ne soyons pas timides pour proclamer : « Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » ! La Passion selon saint Matthieu n’a pas à être commentée mais méditée. Puisse notre Semaine sainte être vraiment la plus sainte des semaines de notre année, et que le Triduum soit vraiment le sommet de notre année liturgique. Demandons à Jésus la grâce d’être dépouillés de toute mondanité spirituelle pour vivre dans la joie de l’Evangile, comme nous y encourage ardemment notre pape François.

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre du Prophète Isaïe L, 4-7
Psaume XXI (XXII)
Epître de saint Paul Apôtre aux Philippiens II, 6-11
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XXVI, 14 – XXVII, 66