Homélie du 5ème dimanche de Pâques, année A

Devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ 

 On reproche parfois aux actes des apôtres une vision idéalisée des premières communautés chrétiennes... Mais voici que des tensions apparaissent. Peut-être des difficultés de compréhension entre frères de langues différentes ? Le dialogue entre ceux qui parlent grec et ceux qui parlent hébreu (ou plutôt araméen) ne devait pas toujours être facile, malgré l’Esprit de Pentecôte...
Ce sont les apôtres qui interviennent, et ils le font en instituant un nouveau ministère, un nouveau service au sein de la communauté. Nous voyons dans ce passage l’institution du diaconat, le ministère du service... Mais nous aurions tort de considérer à la lumière de ce texte que ce ministère se limite au « service des tables » ! D’abord, parce que, à travers ce service, c’est la justice au sein de la communauté qui est en jeu, et donc l’harmonie des relations... Et pour ce service, les sept sont envoyés par les apôtres, comme les diacres d’aujourd’hui sont envoyés par les évêques qui leur ont imposé les mains. Et aujourd’hui prêtres et évêques sont aussi diacres, donc serviteurs...
La suite du texte parle de deux des sept... Étienne, d’abord, qui va annoncer la Bonne Nouvelle, l’Évangile, ce qui lui vaudra d’être arrêté, et d’être lapidé. Il sera le premier martyr de la nouvelle église. Quand à Philippe, on nous dit qu’il ira évangéliser la Samarie... Car le ministère du service inclut aussi l’annonce de la parole. Et il vise avant tout à mettre en valeur le service dans la vie de toutes les communautés chrétiennes, à rappeler à chacun qu’il doit, à la suite du Christ, se faire serviteur de tous. De tous, c’est à dire en particulier des plus pauvres, des personnes âgées ou malades, et de tous ceux qui se tiennent aux périphéries de l’Église et qui attendent de nous accueil fraternel ou témoignage dans les grandes étapes, joyeuses ou douloureuses de leur vie...
Dans la seconde lecture, Saint Pierre nous invite à « devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ ». Ce passage est cité dans la constitution sur l’Église de Vatican II, pour définir le sacerdoce commun des baptisés. Le sacerdoce, c’est ce qui nous fait participer à la fonction de prêtre du Christ. Avec le Christ, comme nous le rappelle le rituel du baptême, nous partageons la dignité de prêtre, de prophète et de roi. Ici, le prêtre, c’est celui qui offre le sacrifice, comme le grand prêtre du temps de Jésus. Le sacrifice que nous pouvons offrir, c’est la sainteté de nos vies. A travers la prière et la vie des sacrements, bien sûr, mais aussi à travers tous les actes de nos vies, où les plus petits actes d’amour peuvent se transformer en sacrifices agréables à Dieu...
Si le sacerdoce commun est celui de tous les baptisés, la constitution sur l’Église distingue aussi le sacerdoce ministériel, celui des prêtres et des évêques, qui est au service de la sanctification de tous les baptisés, à travers les sacrements, et la conduite des communautés.
Dans l’évangile enfin, Jésus nous dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». Ceci se passe lors de la dernière soirée de Jésus, avant son arrestation. Nous savons que le chemin de Jésus passera par la croix, pour aboutir à la résurrection. C’est ce chemin d’amour radical que nous sommes invités à suivre, même si pour nous il passe rarement par la croix, heureusement ! Mais il passe par l’amour réciproque, la recherche de l’harmonie des relations, de l’unité dans nos communautés, et par l’annonce à tous de la bonne nouvelle de l’Évangile.
Alors, chacun dans son rôle , mais tous dans le sacerdoce unique de Jésus-Christ, mettons nous au service de tous, pour que notre communauté soit harmonieuse et unie !
Amen

Références des textes :
. Livre des Actes des Apôtres 6, 1-7
. Psaume 32 (33)
. Première Lettre de saint Pierre Apôtre 2, 4-9
. Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14, 1-12