Paroisse Saint Loup


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Homélie pour le XXXIIème dimanche du Temps Ordinaire Année A

8 novembre 2020

Insouciantes et prévoyantes

Par un procédé littéraire spécifique – la pseudépygraphie – la Sagesse de Salomon est reliée au personnage du grand roi qui vécut plusieurs siècles avant que ce livre ne soit écrit, probablement au cours du premier siècle avant notre ère. Bien que n’appartenant pas au canon hébraïque – ce livre est dit deutérocanonique -, la Sagesse est sans aucun doute l’un des joyaux spirituels de l’humanité. La noblesse et la beauté de sa pensée, souvent poétique, touchent profondément le cœur de l’homme. Exhortation par l’exemple, elle propose une voie de salut et d’espérance : le chemin le plus fiable pour vivre à jamais auprès de Dieu est de rechercher la Sagesse et d’en vivre. Cependant les termes qui dépeignent la Sagesse conviennent si bien à une personne qu’on les croirait écrits pour le Verbe incarné. : et de fait l’évangile de Jean a reconnu le Christ dans ce qui est dit de la Sagesse.
Ne vous laissez pas abattre par la peur de la mort, ne restez pas dans l’ignorance, nous dit saint Paul. Mais bien que l’apôtre nous dise l’essentiel, il demeure quelques incertitudes. Pourquoi appeler « morts » ceux qui sont entrés dans une vie nouvelle ? Ne peut-on croire en une résurrection individuelle, acquise par le Christ, qui nous fasse entrer dans le monde de Dieu, avec les nécessaires adaptations à la lumière divine ? Car si la mort est passage, elle nous mène à un monde sauvé, au sein d’un peuple qui nous aidera à progresser. Telle était notamment l’espérance de la petite Thérèse.
Dans ses paroles qui concernent les derniers temps (discours eschatologique), Jésus nous invite à méditer sur le sens de notre vie ici-bas qui, nécessairement, se clôt un jour pour nous ouvrir à une autre vie, une vie en plénitude, qui inaugure le Royaume des Cieux.
C’est alors que ce rabbi déroutant qu’est Jésus n’hésite pas à user de petits contes, de comparaisons étonnantes, de paraboles, qui alimentent l’imagination et le cœur de ses auditeurs. La parabole des dix jeunes filles est savoureuse, même si elle n’est pas facile à comprendre. Dix jeunes filles sortent avec leur lampe. Le matin suivant, elles n’ont plus d’huile et cinq d’entre elles refusent de partager leur réserve avec les cinq imprévoyantes. Quelques heures plus tard, ces dernières sont rejetées avec fermeté. Alors, de quelle huile, si essentielle, veut nous parler cette parabole ?
L’une des interprétations possibles se comprend si l’on opère un rapprochement avec la demande de Jésus en saint Luc : restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées (Luc XII, 35). Ne serait-ce pas cela qui a fait défaut aux cinq insensées ? Elles n’ont peut-être pas prévu que l’entrée aux noces suppose le désir du service et la disponibilité, à vivre au quotidien. D’où le refus des cinq autres de partager ce qui ne peut se partager puisque cela concerne le cœur de chacun en ce qu’il est apte à s’ouvrir à la fraternité et à l’amour.

Nous sommes invités à veiller, parce que nous ne connaissons pas plus l’heure du retour du Christ, signe de la plénitude des temps, que l’instant de notre mort, qui nous fera faire un pas de plus dans son intimité.

Père Thibault NICOLET


Références des textes liturgiques : Livre de la Sagesse VI, 12-16 Psaume LXII (LXIII) Première Épître de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens IV, 13-18 Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XXV, 1-13