Paroisse Saint Loup


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Troisième dimanche du Temps de l’Avent Année B

S 12 décembre 2020 église Saint-Barthélémy, Le Gua

Jean-Baptiste, figure de l’humilité et du service

Tandis que l’Église nous prépare à Noël, elle rappelle la haute figure de Jean-Baptiste, précurseur du Messie. De lui, Jésus a solennellement déclaré : Parmi les enfants des femmes, il n’y en a pas de plus grand que Jean (Matthieu XI, 11). Pourtant, quand les chefs des juifs lui demandaient qui il était, Jean nia qu’il fût le Messie, Élie ou Moïse, et se définit plutôt comme la Voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur (Marc I, 3).
Cette humilité est un exemple frappant pour ceux qui sont appelés à servir leurs frères humains chez eux, dans leur voisinage ou sur leur lieu de travail. Comme Jean, nous aussi nous rendons droit le chemin du Seigneur, c’est notre mission dans la vie, de mener notre prochain vers Dieu par notre travail exemplaire, notre souci sincère pour les autres, nos conseils ou nos paroles de réconfort. Les services que nous rendons aux autres nous définissent comme des chrétiens. Etre chrétien, c’est être serviteur.
Mais nos réussites dans cette œuvre d’amour peuvent nous monter à la tête. Nous entendons parler de gens ivres de succès. Ils oublient qui ils sont. Ils sont envahis par un complexe messianique ; croyant savoir ce qui est mieux pour tous, ils imposent leurs idées, s’insurgent contre les oppositions, n’écoutent pas. En chacun de nous, il y a bien quelque chose de l’apprenti batteur d’estrade qui veut être reconnu dans le cercle de ses connaissances. Nous voulons que l’on nous écoute, que l’on boive toutes nos paroles. Alors, est-ce que nous ne faisons pas parfois la sourde oreille quand d’autres parlent ? Nous voulons que chaque petit geste que nous accomplissons soit applaudi, mais savons-nous saluer généreusement les succès que d’autres ont remportés ? Parfois, quand nous parvenons à être bons pour les autres, nous nous mettons à aimer la scène et les feux de la rampe. Nous oublions que nous ne sommes pas le Messie, que nous sommes des serviteurs, des voix qui crient dans le désert !
Saint Grégoire le Grand, à la fin du VIème siècle, a su trouver des mots admirables pour qualifier la figure du Précurseur :
« L’humilité de Jean-Baptiste nous est enseignée dans l’Évangile. Certes, sa vertu et son mérite étaient assez grands pour qu’on le prenne pour le Christ. Mais Jean préféra rester aux yeux des gens ce qu’il était, plutôt que s’élever vainement dans l’opinion au-dessus de ce qu’il était.
Sans doute, en disant : Je ne suis pas le Christ (Jean I, 20), en niant nettement ce qu’il n’était pas, il ne nia nullement ce qu’il était.
Ainsi, disant sincèrement la vérité, il est devenu membre de Celui dont il a refusé d’usurper le nom.
Ainsi, parce qu’il n’a pas voulu prendre le nom du Christ, il est devenu l’un des membres de Jésus-Christ.
En reconnaissant en toute humilité son humble condition, il a mérité de participer à la grandeur de son Maître.
S’il nie même qu’il soit le prophète Élie en personne, il lui est donné non seulement d’annoncer la venue du Sauveur, mais de le montrer présent, lui qui déclare aujourd’hui ce qu’il est : Je suis la voix qui crie dans le désert (Jean I, 23).
Vous le savez, le Fils unique de Dieu se nomme le Verbe, c’est-à-dire la Parole du Père. Or, vous le savez aussi d’expérience : quand on parle, la voix résonne avant que la parole soit entendue. Ainsi, Jean peut-il affirmer qu’il est la voix, lui qui précède le Verbe, la Parole.
Il vient avant le Seigneur, comme une voix car, par son ministère, le Verbe, la Parole de Dieu, se fait entendre aux hommes. Et c’est au désert qu’il crie, car il annonce au pays de Juda, abandonné au désert depuis si longtemps, que vient la consolation de son Rédempteur.
Comme, par sa naissance, il a prévenu celle du Seigneur, il prévient, en baptisant, le baptême que va donner le Christ après lui.
Comme il a été son précurseur par sa prédication, il l’est aussi par son baptême, simple figure du sacrement.
Et il annonce un mystère : le Christ, inconnu parmi les hommes ! »

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre du Prophète Isaïe XLI, 1-2a.10-11 ; Psaume : Luc I, 46b-48, 49-50, 53-54 ;
Première Lettre de Saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens V, 16-24 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean I, 6-8.19-28