Paroisse Saint Loup


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Quatrième dimanche du Temps de l’Avent Année B

D 20 décembre 2020 église Saint Jean-Baptiste, Vif

L’Annonciation, au service du surnaturel

Ici, il faut baisser pavillon de la raison raisonnante, ouvrir celui des oreilles, et par pitié se laisser faire, car Dieu sait ce qu’il fait et il fait bien ce qu’il veut. Avant de crier à l’impossible auquel d’ailleurs tout homme est tenu, il est bon d’estimer le féerique dont notre temps raplapla ne fait plus l’éloge.
Une vierge – ça commence bien ! – à seize ans – mais quel retard ! – déjà fiancée –forcée sans doute ! – rencontre un ange – et puis quoi encore ? En le voyant, apparemment, c’est le cas de le dire, cette Marie ne semble pas troublée. Ne le soyons pas non plus : Israël est le pays de Dieu et Celui-ci est chez Lui dans le cœur des Juifs. Cependant, la peur gagnant toujours les êtres sensibles (et entre nous, il y a de quoi ! un ange aux propos amoureux fiance une jeune fille pour l’éternité), la Vierge est tourneboulée, mais en croit ses yeux. « Un enfant va descendre en toi, voilà pour l’essentiel, son prénom ne l’est pas moins ; retiens-le : Jésus ! Et pour l’heure, comprends seulement qu’il vient pour ton élu de peuple. » Marie n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin, la vision est claire, elle a parfaitement saisi que ce héros à venir doit passer par son ventre, mais elle ne voit pas comment, et ne le lui reprochez pas. Elle dit la vérité, elle est bel et bien vierge, et ça ne s’invente pas. L’ange est rassurant : « L’ombre de l’Esprit de Dieu ensoleillant ton corps fera jaillir la Vie ! » « Très bien, dit Marie, je marche sans plus un seul comment. » Puis elle ajoute : « Faites comme bon vous semble ! »
C’est tout de même fâcheux que le monde surnaturel ne nous soit plus naturel ! Après des millions d’années de déité et deux mille ans de christianisme truffés de miracles et de prodiges, l’humain reste imperméable au merveilleux qui pourtant est à portée d’esprit. En l’admettant, le gris des jours pourrait être repeint de foi en une seconde. On est fou d’étroitesse ! C’est à croire que l’exigu rassure, calfeutre et protège des grands espaces offerts par le Ciel – si l’on savait ! – plus étendus que la mer, plus chauds que le soleil. De nos jours, chacun fait son nid, en parois blanches et dépouillées, c’est le ton d’aujourd’hui, chambres de clinique, sans un seul tableau d’histoires lointaines à raconter sous des yeux d’enfants éblouis, et c’en est fait du rêve. Quant à la véracité de l’autre monde, allez donc vous rhabiller, ça ne rapporte rien ! Gardez votre Vierge et votre Jésus, coupez les ailes à vos anges, nous ne voulons plus d’irrationnel ! C’est ainsi que meurt, dans les décombres du temps, le peuple élu, en grande partie sécularisé, victime aussi de « l’hypermatérialisation » du monde, à jamais brûlé avec la foi de ses Pères, suivi de nombreux enfants de Dieu qui sont pourtant, par le baptême, au Christ et à sa mère. « Moi qui ne crois pas, je ne crois qu’à ceux qui croient », disait Henry de Montherlant. Il faudrait au moins s’aligner sur cet intelligent.

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Deuxième Livre de Samuel VII, 1-5. 8b-12. 14a. 16 ; Psaume LXXXVIII (LXXXIX) ;
Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains XVI, 25-27 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc I, 26-38