Paroisse Saint Loup


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Troisième dimanche du Temps Ordinaire Année B

D 24 janvier 2021 église Saint Jean-Baptiste, Vif

« Venez à ma suite »

Imaginez le désarroi des parents et des voisins de ces quatre hommes ici appelés par Jésus. Mais qu’est-ce qui leur a pris ? Folie, inconscience ! Ils ont laissé ce qui faisait leur vie bien réglée pour suivre un inconnu. Où vont-ils ? On ne les entend même pas parler. Leur réponse à l’appel du maître se traduit, non par une déclaration, mais par une mise en route. Ils quittent tout pour suivre celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean XIV, 6). Toute leur vie sera marquée par ce mouvement, par lequel les vieilles habitudes des pêcheurs de Tibériade laissent place à la nouveauté offerte par le Christ. Après eux, une « missionnaire sans bateau » du XXème siècle, Madeleine Delbrêl, écrivait : « Approcher l’Évangile, c’est renoncer à notre vie pour recevoir une destinée qui n’a pour toute forme que le Christ. »
Quant à Jonas, de toute évidence, il se souvient de ce qui s’est passé la première fois que Dieu s’est adressé à lui. Plutôt que d’aller dans la ville de Ninive pour prêcher un message qui aurait sûrement été très mal perçu, il avait sauté à bord d’un bateau pour Tarsis, essayant d’échapper à cette tâche ingrate. Mais impossible pour Jonas de prendre ses distances avec Dieu et de le « semer » : une tempête et trois nuits dans le ventre d’une baleine allaient le lui prouver. Ainsi, lorsque le Seigneur s’adresse de nouveau à lui, il s’arrête, écoute et répond à son invitation. Voici de quoi consoler ceux d’entre nous qui ont déjà essayé d’ignorer, d’esquiver ou de fuir les petits coups de coude que Dieu nous donne parfois dans la vie. Le Très-Saint insiste, revient une deuxième et une troisième fois, et autant que nécessaire jusqu’à ce que nous entendions pleinement sa parole et fassions nôtre son message.
« Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent. » Toutes les générations chrétiennes ont été frappées par la promptitude de la réponse des premiers disciples, et elles ont médité sur leur choix radical. C’est que chacun pouvait expérimenter par lui-même que l’appel de Jésus impliquait d’abandonner quelque chose. « On ne peut servir deux maîtres à la fois » (Luc VI, 13). Et même quelque chose d’essentiel, aussi essentiel que « père, mère, frère, sœur, enfants ou maison » (Marc X, 29).
On peut admirer ici que Simon, André, Jacques et Jean aient tout laissé sans rien savoir encore de Jésus. Mais cela est finalement tout à fait normal. Car de même que Jésus n’a pas retenu jalousement sa dignité divine pour se mettre à notre service, de même nous ne devons pas nous accrocher jalousement à ce qui pourrait nous retenir de marcher à la suite de Jésus. Chacun réalisera cette rupture, selon ce que l’Esprit lui dictera. L’un quittera vraiment tout pour entrer au monastère, l’autre renoncera à faire carrière pour se consacrer à évangéliser et la plupart garderont ces liens mais comme ne les gardant pas. Car ils savent que tout est au Christ. Et ce détachement donne la véritable liberté intérieure. C’est bien l’attitude de Job (Job I, 21) et c’est ce que recommande saint Paul car « le temps se fait court… que ceux qui achètent vivent comme s’ils ne possédaient pas ». Mais ne s’agit-il pas de rompre avec toutes ces attaches qui nous empêchent d’être totalement au Christ ? Elles sont autant de filets dans lesquels nous sommes pris. Les abandonner pour suivre Jésus est source de la vraie joie.

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre de Jonas III, 1-5. 10 ; Psaume XXIV (XXV) ;
Première Lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens VII, 29-31 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc I, 14-20.