Homélie pour le Deuxième dimanche de Pâques, Fête de la Divine Miséricorde Année B
10 avril 2021 – Eglise Saint-Pierre, Saint-Georges-de-Commiers
Soyons des croyants !
Pour les apôtres, les lendemains de Pâques ne sont pas exubérants : ils ont peur et ils s’enferment. La rencontre du Ressuscité lui-même ne suffit pas à les rassurer, à affermir leur foi, ni à les faire sortir. Il y faudra la puissance originale de l’Esprit de la Pentecôte pour en faire des hommes nouveaux. A la peur des Onze, Thomas ajoute un doute profond. Il ne croit même pas qu’il y ait eu résurrection glorieuse. Et quand enfin il a ce privilège de voir le Ressuscité et de le toucher de ses mains, Jésus l’invite à devenir ‘croyant’ (Jean XX, 27). Mais il ne le pousse pas encore à se déclarer ‘témoin’. C’est qu’il y a des étapes dans la conversion et personne du jour au lendemain ne peut en vivre ni en faire plus que le Seigneur n’en demande. Nous sommes désormais dans le temps pascal. Nous avons vécu intensément la liturgie du Carême. Avec Jésus, nous sommes entrés dans la gloire en ravivant en nous, par la confession et par l’eucharistie, la vie en notre cœur de la Sainte Trinité. Mais voici que commence comme une deuxième retraite : celle qui va de Pâques à la Pentecôte. Jésus nous prépare à recevoir le feu de l’Esprit. Aujourd’hui, avec Marie au Cénacle, nous méditons les merveilles de Dieu. Demain, nous aurons la force de les proclamer. Aujourd’hui nous méditons et contemplons toutes ces choses dans notre cœur (Luc II, 19). Demain, nous proclamerons sur les toits ce que nous avons entendu à l’oreille (Matthieu X, 27). Un feu s’est allumé en nous, qui doit embraser le monde et que rien n’éteindra (Luc XII, 49).
Thomas n’était-il pas un homme ? Un des disciples, un homme de la foule pour ainsi dire ? Ses frères lui disaient : Nous avons vu le Seigneur. Et lui : Si je ne touche pas, si je ne mets pas mon doigt dans son côté, je ne croirai pas. Les évangélistes t’apportent la nouvelle et tu ne crois pas ? Le monde a cru et le disciple n’a pas cru ? On dit à leur sujet : Le son de leur voix s’est répandu dans la terre entière et jusqu’aux confins du monde (Psaume XVIII, 5). Leurs paroles se sont répandues, elles sont parvenues jusqu’aux confins du monde, le monde tout entier a cru ; tous ensemble, les disciples portent la nouvelle à un seul et lui ne croit pas. Il n’était pas encore ce Jour qu’a fait le Seigneur. Les ténèbres étaient encore sur l’abîme ; dans les profondeurs du cœur humain, ténèbres. Qu’Il vienne, que vienne ce point du jour et qu’Il dise, avec patience, avec douceur, sans colère, en médecin qu’Il est : Viens, touche ceci et crois. Tu as déclaré : Si je ne touche pas, si je ne mets mon doigt, je ne croirai pas. Viens, touche, mets ton doigt et ne sois plus incrédule mais fidèle. Viens, mets ton doigt. Je connaissais tes blessures, j’ai gardé pour toi ma cicatrice.
Mais en approchant sa main, il peut pleinement compléter sa foi. Quelle est en effet la plénitude de la foi ? De ne pas croire que le Christ est seulement homme, de ne pas croire non plus que le Christ est seulement Dieu. Telle est la plénitude de la foi, car la parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous. Ainsi, le disciple auquel son Sauveur donnait à toucher les membres de son corps et ses cicatrices… mais dès qu’il a touché, il s’écrie : Mon Seigneur et mon Dieu. Il a touché l’homme, il a reconnu Dieu. Il a touché la chair, il s’est tourné vers la parole, car ‘la parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous.’
Références des textes liturgiques : Actes des Apôtres IV, 32-35 Psaume CXVII (CXVIII), 2-4, 16ab-18, 22-24 Première Lettre de saint Jean V, 1-6 Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean XX, 19-31