Quatrième dimanche de Pâques Année B
D 25 avril 2021 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Jésus est le Bon Berger
La parabole du berger et du troupeau évoque Luc XV, 3-7 et Matthieu XVIII, 12-14. Mais chez Jean l’intérêt est d’abord christologique : le bon berger est opposé au brigand (X,1) et à l’étranger (X,5). Ici sont décrits les rapports qui unissent le berger à ses brebis. A la différence des mercenaires, il est le vrai (bon) pasteur pour deux raisons : d’abord il risque sa vie pour protéger ses brebis ; mais surtout il entretient avec elles un rapport de connaissance unique parce qu’enraciné (« comme le Père me connaît ») dans sa propre connaissance du Père.
La parabole, d’abord allusive, renvoie clairement à la mort de Jésus : « Je donne ma vie pour mes brebis » (X, 15) ; la préposition est la même qu’en Marc XIV, 24 (sang versé pour la multitude) et en Luc XXII, 19 (corps donné pour vous).
En opposant Jésus au mercenaire, quelque chose de positif est affirmé de lui : le mercenaire abandonne ses brebis (« Je ne vous laisserai pas come des orphelins », Jean XIV, 18) ; le loup peut alors s’en emparer (« personne n’arrachera mes brebis de ma main », Jean X, 28) et les disperser (Jésus meurt « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », Jean XI, 52).
Au verset 16, le discours déborde la situation historique de Jésus pour englober les croyants qui viendront du monde païen et qui, par l’intermédiaire des disciples, croiront en lui. Le rassemblement des croyants, attendu pour les derniers temps, se fera autour de Jésus et de sa parole. Cette unité espérée est donnée dans la mort de Jésus ; elle s’enracine dans l’unité existant entre le Père et le Fils. C’est une conquête exigeante et difficile pour laquelle Jésus prie avant de s’en aller vers le Père.
Dans les deux derniers versets, Jésus exprime son intimité avec le Père, dans laquelle sa vie et sa mort prennent sens. Le rythme du discours avec ses répétitions, les parallélismes et les correspondances, ouvre précisément sur ce sens.
Placé au commencement et à la fin, le Père apparaît comme la source et la fin de l’activité de Jésus. Tout vient de lui : le commandement n’est rien d’autre que l’expression de l’amour. La mort est présentée, dans la dynamique propre à Jean, comme un acte souverainement libre dans lequel il accomplit le commandement d’amour du Père. Même dans sa mort, cet instant où habituellement l’homme est dépossédé de sa maîtrise sur sa vie, Jésus reste le maître parce qu’il accomplit ce que Dieu, dans son amour, a voulu pour apporter la vie aux hommes. Cette lecture théologique de la Passion de Jésus, assez éloignée de la présentation tragique qu’en fait Marc, nous prépare à lire la Passion de Jésus comme l’accomplissement volontaire du projet du Père.
La parole de Jésus suscite la division. Celle-ci concerne autant les témoins de la guérison de l’aveugle que les auditeurs de la parabole et les lecteurs futurs de cet enseignement. Les uns « diabolisent » Jésus dont l’enseignement ne peut qu’être la marque du diable et de la folie (ces deux réalités sont souvent reliées dans le monde ancien). Les autres reconnaissent en sa parole et en son action la marque de Dieu.
Références des textes liturgiques :
Livre des Actes des Apôtres IV, 8-12 ; Psaume CXVII (CXVIII) ;
Première Lettre de saint Jean III, 1-2 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean X, 11-18