Homélie pour la Solennité de l’Ascension du Seigneur Année B
13 mai 2021 – Eglise Saint Jean-Baptiste, Vif
Allez dans le monde !
Depuis la résurrection de Jésus, il s’est écoulé 40 jours pendant lesquels Jésus est apparu plusieurs fois à Marie-Madeleine, à des disciples sur la route d’Emmaüs, aux apôtres. Quarante jours pour que les disciples s’habituent à ne plus vivre avec lui, à se redire ce qu’ils ont vécu, entendu, appris, pour retrouver la présence de Jésus, celle qui a transformé leur vie. Aujourd’hui, nous fêtons la dernière apparition sur la terre de Jésus ressuscité et son élévation vers le Père. Nous sommes invités à vivre sans le voir, mais avec une certitude : Notre Seigneur et notre Dieu est ressuscité pour tous les hommes, il est vivant pour toujours. Alors s’il n’est pas toujours facile de partir sur les routes comme les disciples de Jésus, il est possible de partager la bonne nouvelle en agissant simplement. Comme à l’époque de Jésus, il y a beaucoup d’enfants et d’adultes qui aujourd’hui, ne connaissant pas bien la Bonne Nouvelle de son amour. Alors ouvrons l’œil et soyons ses messagers !
Au cours de ses repas, la communauté prend corps et la communion s’approfondit. La présence parmi les chrétiens du ressuscité suscite un élan qui les conduit bien au-delà des frontières de leur monde. Avant leur départ, il leur faudra accepter de ne plus avoir de proximité immédiate avec ce qu’ils ont vécu et éprouvé durant les jours de pâque. La Parole, méditée, interprétée, prêchée, les pousse en avant. C’est l’Esprit qui les anime désormais, comme il l’avait fait en Adam. Telle est aussi notre expérience du ressuscité : l’Esprit nous envoie annoncer que Dieu s’est fait l’un de nous pour nous sauver.
Quelles que soient les formes dans lesquelles l’Évangile s’est incarné, les débats et les divisions que l’histoire a générés, l’unité fondatrice de ce qui fait notre foi en Christ, mort et ressuscité, ne peut être rompue car Il est Un. Nous sommes frères, membres du corps du Christ, témoins de l’Évangile selon nos spécificités et en dépit de nos particularismes.
A l’Ascension, le Verbe de Dieu se tait pour parler à notre cœur. Pendant quarante jours, Il nous a enseigné son Royaume, il nous a dévoilé les réalités d’en haut, il a cheminé avec nous comme auprès des disciples d’Emmaüs. Mais voilà qu’il se dérobe à notre regard et sa voix ne se fait plus entendre. Mais quel est le sens de ce silence ou de cette absence ?
Écouter dans le silence de notre cœur ne nous est pas si facile, si naturel. Faire taire le brouhaha ambiant pour se retirer dans notre espace intérieur constitue pourtant l’acte fondateur de notre liberté personnelle. Car en ce lieu intime, nous nous trouvons seul à seul, cœur à cœur avec l’Esprit, cet Esprit que le Christ nous promet en ce jour de l’Ascension, et qu’il nous transmettra lors de la Pentecôte.
Dans cet espace de prière, de contemplation, qui est le lieu d’un consentement, nous apprenons à regarder au-delà des apparences, à écouter plutôt qu’à entendre. Au milieu de notre monde, submergé d’images, étourdi de bruits, le Christ envoie ses témoins proclamer la Bonne Nouvelle, porter la marque de son amour pour tous les hommes, et même pour toutes les créatures sous le ciel : Proclamez l’Évangile à toute la Création !
A travers le sceau de l’Esprit, sujet de la promesse, le Christ, figure du Père éternel, veut voir en nous des êtres de contemplation et d’action, capables de foi et d’espérance pour l’humanité, pour toute la Création, au cœur même des pires défigurations. Alors l’Ascension devient le mystère de notre naissance au Ciel, qui a déjà commencé et qui se réalise chaque jour : cette nouvelle naissance dans l’Esprit préfigure notre condition lorsque nous serons semblables au Christ, parce que nous le verrons tel qu’il est (1 Corinthiens XIII, 12).
Références des textes liturgiques : Actes des Apôtres I, 1-11 Psaume XLVI (XLVII), 2-3, 6-7, 8-9 Épître de saint Paul apôtre aux Éphésiens IV, 1-13 Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc XVI, 15-20