Avent et Noël 2019
7 décembre 2019
Premier dimanche du Temps de l’Avent – Année A
Dimanche 01 décembre 2019 église de Saint-Paul-de-Varces
Réveil !
Le prince des prophètes, en prière, voit toutes les nations affluer vers la montagne du Temple. Jérusalem n’est plus une capitale à défendre et à fortifier : finie la course aux armements ! De Jérusalem vient la lumière messianique, la paix universelle.
Le prophète Isaïe a reçu cette révélation au sujet de Juda et de Jérusalem : il arrivera dans l’avenir que la montagne du temple du Seigneur sera placée à la tête des montagnes et dominera les collines. Toutes les nations afflueront vers elle, des peuples nombreux se mettront en marche, et ils diront : « Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers. Car c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur. »
La prophétie d’Isaïe II, 1-5 se retrouve presque mot pour mot en Michée IV, 1-5 avec cependant quelques variantes. Y est affirmé que « la montagne de la maison du Seigneur sera établie à la tête des montagnes. » La supériorité de cette montagne symbolise la souveraineté du Seigneur. Le livre d’Isaïe développe par la suite la thématique de la royauté universelle du Seigneur. Le temple de Jérusalem est présenté comme un centre vers lequel convergeront toutes les nations. Le vocabulaire employé est celui du pèlerinage (monter à la montagne du Seigneur). L’idée d’une venue des nations à Jérusalem se retrouve en Isaïe LX, 3-4 : « Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever. »
Le mot Torah traduit ici par Loi est de la même racine que le verbe « yarah » traduit par « enseigner ». La torah est donc une instruction que le Seigneur fera connaître (il nous enseignera) et que tous mettront en pratique (nous irons dans ses sentiers). Cette situation idéale annoncée pour l’avenir ne correspond malheureusement pas à la situation contemporaine du prophète. Au contraire, même Juda refuse d’écouter l’instruction du Seigneur : « Ce peuple est un peuple rebelle, ce sont des fils indignes, des fils qui n’acceptent pas d’écouter ce que dit le Seigneur, (…) Ils disent aux prophètes : « Quittez donc le droit chemin, écartez-vous de la route, laissez-nous en paix avec le Dieu Saint d’Israël ! » (Isaïe XXX, 9-11)
Le prophète annonce aussi une ère de paix. C’est un thème cher à Isaïe qui le reprend dans les descriptions du roi idéal du futur (Prince de la Paix). Pendant son règne, l’harmonie originelle sera restaurée. « Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » (Isaïe XI, 9)
Au rythme du psaume CXXI (qui est un psaume des montées), que notre pèlerinage d’avent nous achemine vers la Jérusalem d’en-haut, celle dont le prince est un enfant, le roi de la paix.
Répondons à l’invitation de saint Paul : « Revêtons-nous pour le combat de lumière : le salut est proche, la nuit est finie, le Jour se lève », celui de la venue de Jésus, de l’avènement du Fils de Dieu.
Le caractère aussi imprévu qu’imprévisible de la venue du Fils de l’homme exige que l’on soit prêt. Pas de relâchement dans notre vigilance d’avent ; la parousie sera aussi soudaine qu’inattendue, comme Jésus lui-même en prévient ses disciples.
Jésus dit que lorsqu’il viendra, il nous trouvera endormis, pour la moitié d’entre nous. Même proportion et même message que dans la parabole des vierges sages et des vierges folles. Un homme sur deux oublie de se soucier de Dieu ; ou plutôt, tout le monde n’y pense qu’un jour sur deux ! Je suis tantôt attentif aux réalités spirituelles, à la quête intérieure de la sainteté, au service du prochain comme Dieu me l’a enseigné, tantôt désireux de briller, de posséder, de profiter de choses bien terrestres.
Il ne faut pas se leurrer, c’est comme au temps de Noé : un illuminé construisait un bateau disproportionné au sommet d’une montagne, tandis que les gens réalistes mangeaient et buvaient. La seule différence entre eux, à la base, est unique ment l’attention à Dieu. Tous, ils étaient hommes : Noé aussi avait un estomac, et ses contemporains aussi avaient en eux un appel à la transcendance. En moi, je possède les deux tendances : mon docteur Jekyll aime la lumière, mon Mister Hyde préfère les ténèbres. Ainsi se conclut l’Alliance mosaïque avec le Peuple, au livre du Deutéronome (XXX, 15.19) : « Vois : j’ai placé aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. Choisis la vie. » Il existe deux camps, la neutralité est impossible, et la lice est dans mon cœur. Telle est la réalité de la vie : elle est un combat spirituel, un combat que je mène en moi avec l’aide de Dieu, un combat que je mène pour mon bonheur et pour la gloire de Dieu.
Au début de cette année liturgique, nous sommes encouragés à ouvrir les yeux : Dieu existe, et notre monde existe sous le regard de Dieu. Il serait bon de ne pas l’oublier. Dans quelques semaines, nous allons même constater que l’Éternel entre dans le temps, que l’Infini entre dans la chair, que le divin entre de plein fouet dans le monde, que Dieu est parmi nous. Puissions-nous donc voir le monde tel qu’il est : un tremplin vers Dieu. Puissions-nous voir notre vie telle qu’elle est : un pèlerinage vers Dieu. Puissions-nous voir notre voisin tel qu’il est : une intrusion de Dieu dans mon petit monde.
Ce Temps de l’Avent est aussi une bénédiction dans la mesure où il nous permet de méditer sur le commencement : tout commence toujours avant celui-ci. En effet, on installe toujours le décor avant le lever du rideau, la symphonie inclut toujours un prélude où les cuivres n’interviennent pas, le sportif se concentre au vestiaire, les fiançailles annoncent le mariage, la grossesse précède la naissance, etc. Et bien l’avent débute l’année liturgique, tandis que le messie n’est pas encore visible. Alors n’allons pas gâcher ce temps si précieux, où tout se décide !...
Et puis ne soyons pas stupides ! Retenons les leçons de l’histoire : c’est Noé qui avait raison !... Et sachons entendre les leçons prophétiques : c’est la montagne du Dieu de Jacob qui sera élevée au-dessus des autres montagnes et c’est vers elle que les nations afflueront…
Au début de cette année liturgique, durant laquelle nous allons recommencer à devenir des disciples, avec un cran de plus que l’an dernier, réveillons notre ardeur : le Seigneur vient !
Références des textes liturgiques :
Livre du prophète Isaïe II,1-5 ; Psaume CXXI (CXXII) ;
Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains XIII, 11-14a ;
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XXIV, 37-44