De juin à novembre 2023
2 juin 2023
Solennité de la Pentecôte Année A
S 27 mai 2023 (messe anticipée) église de Saint-Paul-de-Varces
La venue du Seigneur et l’envoi
Cette scène évangélique se déroule le soir. Les épisodes précédents ne semblent pas avoir modifié le comportement des disciples (on peut penser que les disciples désignent ici les Onze, même si Luc XXIV, 33 adjoint aux Onze « leurs compagnons »). Ceux-ci vivent dans la peur et l’enfermement. C’est dans ce milieu clos que surgit Jésus. Sa présence n’est plus soumise aux lois physiques ni aux contraintes naturelles qui sont celles de l’homme avec son corps. Il n’est pas dit qu’il traverse les murs mais simplement qu’il peut se rendre présent d’une autre manière que les humains.
Sa venue est, comme de son vivant, source de paix. « Shalom ! » leur dit-il, et ce n’est pas seulement un souhait de courtoisie : cela signifie le don effectif du salut, de la joie et de la paix. Les traces de la crucifixion sur les mains et le côté de Jésus attestent que, malgré les conditions extraordinaires de la manifestation de Jésus, l’évangéliste ne veut pas que les lecteurs le prennent pour un fantôme, c’est-à-dire quelqu’un d’autre que le Crucifié. Certes, la présence physique ordinaire de Jésus a pris fin, mais celui qui est là au milieu d’eux est le Seigneur Jésus, c’est-à-dire le même que celui qu’ils ont connu et aimé, mais désormais transfiguré par la Résurrection. La crainte s’efface et les disciples entrent dans la joie.
Les apparitions ne sont pas une fin en soi. Elles débouchent sur une mission. « Comme » n’est pas simplement l’indice d’une comparaison : c’est un fondement, un enracinement. Les disciples sont envoyés (littéralement « faits apôtres ») pour prolonger l’action de Jésus. C’est la première fois que Jean attribue dans son évangile le titre d’apôtres aux Onze. Le thème de l’envoi a déjà été exposé plus largement dans le discours sacerdotal (XVII, 17-19). Comme Dieu avait insufflé son esprit de vie sur Adam (Genèse II, 7), comme l’Esprit était descendu sur Jésus (Jean I, 33-34), Jésus, que Dieu a fait Seigneur, insuffle (même verbe grec ici qu’en Genèse II, 7) la puissance de l’Esprit sur les disciples (cf. Jean XIV, 26). Lui qui vient de faire l’expérience de la mort se révèle ici maître de la vie. Eux, jusque-là craintifs, sont investis d’une force divine. Comme Dieu, puis comme son envoyé Jésus, ils peuvent remettre les péchés, c’est-à-dire purifier du péché dans la puissance de la mort de Jésus. L’Esprit les relie tellement étroitement à Dieu que lorsqu’ils pardonnent aux hommes ou maintiennent leurs péchés, c’est Dieu qui, par eux, pardonne et maintient les péchés. Nous avons ici une forme grammaticale appelée « passif divin », qui évite, par la voie passive, de nommer Dieu. On pourrait traduire ainsi : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés… Dieu lui remettra ses péchés… Tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés… Dieu lui maintiendra ses péchés. »
Cette venue du Seigneur, comme la suivante, se déroule « le jour du Seigneur », c’est-à-dire au moment du rassemblement liturgique des premiers chrétiens, temps privilégié de la présence du Seigneur à sa communauté et moment, chaque fois réactualisé lorsqu’ils se réunissent pour la fraction du pain, de leur envoi dans le monde.
Références des textes liturgiques :
Livre des Actes des Apôtres II, 1-11 / Psaume CIII (CIV), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34 / Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens XII, 3b-7.12-13 / Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean XX, 19-23