Cinquième dimanche du Temps Ordinaire Année B
3 février 2024, Eglise Saint-Pierre, Saint-Georges-de-Commiers
Face à la maladie (la belle-mère de Simon)
Toute maladie est une épreuve et elle pose presque toujours des questions qui n’ont, généralement, pas de réponses. « Pourquoi ce mal ? », « Pourquoi un tel ou une telle ? », « Pourquoi moi ? »
Les récits de l’Evangile accordent une grande place à la présence de Jésus auprès des malades, et c’est ici le cas pour la belle-mère de Pierre qui était alitée à cause d’une fièvre et donc contrainte à une immobilité provisoire. Pour Jésus, guérir, ce n’est pas un miracle ; c’est simplement le signe très concret d’une grande compassion, le signe d’une attention particulière. Le texte le dit : « Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main et l’aida à se lever… »
Nous faisons régulièrement l’expérience que l’amitié et l’affection prennent une part non négligeable dans le déroulement favorable d’un traitement. Et je pense à toutes ces personnes qui visitent et accompagnent les malades et qui, sans être en mesure de guérir, font pourtant des ‘miracles’ de tendresse humaine.
Mais il y a encore autre chose qui est important : c’est le deuxième message de cet Evangile que je voudrais partager avec vous.
Et ce message, il est exprimé par tous ces verbes qui, dans le texte, parlent de mouvement : aller, s’approcher, se lever, quitter, amener, sortir, chercher, partir, parcourir… Or, tous ces verbes expriment, non pas des idées, mais des actes immédiatement possibles. Dans ce texte, tout est mouvement, en contraste et même en opposition. On va de la foule au désert, du feu de l’action au secret de la prière, de la renommée qui se répand à la solitude.
Jésus nous invite à la liberté. Et la liberté n’est pas une fièvre qui vous colle à la peau… Elle est au service des autres… « La fièvre la quitta, et elle les servait. » Jésus nous invite aussi à l’audace… Il faut sortir de nos maladies de repli sur soi et de bavardages qui nous empêchent de vivre et qui parlent d’autant plus fort qu’on ne parle que de soi… « Il chassa beaucoup d’esprits mauvais et il les empêchait de parler. »
Jésus nous invite enfin à ne pas faire semblant. Il faut sortir de nos idées toutes faites, sortir de nos préjugés et de nos principes qui savent trop de choses pour nous donner envie de chercher alors que, pour chercher, il faut accepter de ne pas penser que l’on pourrait tout savoir et avoir réponse à tout.
Bien sûr, répondre à ces appels qui nous invitent à être libre de toute compromission, à l’audace de sortir du repli sur soi et à la Vérité en refusant de faire semblant, cela risque de bousculer bien des choses dans notre vie. Mais la manière de faire de Jésus nous y engage. Devant la souffrance ou la maladie, il ne s’est pas contenté de quelques paroles de consolation, de quelques vagues promesses ou de quelques mots pieux. Il n’a pas cherché à faire croire que le mal pourrait, en définitive, être un bien. Non, Jésus ne s’est pas contenté de mots. Il a agi et il a surtout montré à ceux qu’il rencontrait qu’il les aimait, quels que soient leur situation, leurs convictions ou leur passé.
Et il y a là un autre message de cet Evangile : c’est que nous sommes toujours invités à construire l’avenir. Même la mort d’un être cher est une invitation à encore aimer davantage ceux qui nous restent puisque, bien souvent, nous regrettons de ne pas avoir assez aimé ceux qui partent ou, du moins, de ne pas leur avoir assez dit combien nous les aimions…
La parole d’affection que l’on peut dire aujourd’hui, le service que l’on peut rendre aujourd’hui, ne les remettons jamais à plus tard, car nous savons de quoi est fait aujourd’hui, mais nous ne savons de quoi demain sera fait… Cela est aussi dans l’Evangile d’aujourd’hui !
Nous avons entendu que Jésus savait prendre du temps pour être attentif et aussi pour prier. Nous avons entendu que Jésus savait se taire et aussi prendre la parole. Aussi, dans un monde qui nous pousse à aller toujours à toute vitesse, nous perdons parfois notre souffle. Dieu notre Père, aide-nous à retrouver l’envie de savoir nous arrêter de temps en temps pour reprendre notre souffle. Aide-nous à avoir le goût de ne plus toujours courir. Amen
Références des textes : Livre de Job VII, 1-4.6-7 ; Psaume CXLVI (CXLVIIa) ; Première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens IX, 16-19.22-23 ; Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc I, 29-39