Paroisse Saint Loup


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Troisième dimanche du Carême Année B

S 2/03/2024 église Notre-Dame, Notre-Dame-de-Commiers

Le mystère pascal se dévoile

L’antienne d’ouverture nous invite « à avoir toujours les yeux sur le Seigneur » (Psaume XXIV, 15-16). En ce troisième dimanche, nous le voyons expulser les vendeurs du temple, pour purifier la maison de son Père. La Pâque juive (Jean II, 13.23) encadre cet épisode évangélique, prophétique de sa résurrection : détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai (le verbe de la résurrection). Si le nouveau temple est Jésus lui-même, le sanctuaire est son cœur filial où s’accomplit la loi par la grâce et la vérité. C’est là qu’il convient de puiser les grâces « de jeûne, de prière, de partage » (collecte) et de pardon (prière sur les offrandes) qui, de dimanche en dimanche, nous acheminent vers la réalité pascale. Après le sommet de la haute montagne de la troisième tentation (Matthieu IV, 9), puis celui du Thabor, voici en ce dimanche celui du mont Sion et de son temple. N’ayons pas peur de « la folie de la croix » (deuxième lecture) et grimpons hardiment vers le mont du Calvaire.
Au Sinaï, le don de la loi à Moïse scelle l’Alliance avec le peuple sorti d’Égypte ; les dix commandements l’invitent à mettre Dieu au centre de sa vie.
Après s’être révélé dans la Création (Psaume XVIII, 1-7), Dieu se révèle dans la loi (Psaume XVIII, 8-15). Vivre selon ses préceptes donne la vie, rend sage, heureux, pur. En un mot, spirituel.
Pour saint Paul, la vraie et unique sagesse est la folie du mystère de la croix.
Le récit johannique de l’expulsion des vendeurs du temple est encadré par le mot Pâque. Cet épisode en est une prophétie cachée : « en trois jours je le relèverai ». Jésus emploie le verbe de la résurrection.
Après avoir évoqué les débuts de la mission de Jésus et le mystère de sa transfiguration, voici que la troisième station de ce carême nous amène au Temple de Jérusalem.
L’évangile selon saint Jean nous raconte la première Pâque que Jésus fait après l’inauguration de son ministère. Le passage est tellement célèbre que nous nous focalisons sur le côté sensationnel : Jésus renverse tous les comptoirs et chasse tous les marchands du Temple avec un fouet ! Est-ce avec celui du Livre des Juges (Juges VII) lorsque Gédéon triompha des deux chefs de Madiane ? Est-ce le même avec lequel Dieu promet de punir l’injustice du roi Assour d’après le prophète Isaïe (Isaïe X) ? Pour le cas de notre évangile, à moins d’une force herculéenne, cela n’est guère possible d’après le récit, car la foule semble étonnamment sans réaction…
Nous sommes impressionnés comme devant une production hollywoodienne… Pourtant est-ce bien le cas de tout le monde ? Il y a la réaction intérieure des disciples et celle, extérieure, des Juifs. Les disciples, en voyant la scène, l’interprètent en fonction du psaume LXVIII (LXIX) dont la citation « l’amour de ta maison fera mon tourment » est extraite. Quant aux Juifs, ils demandent un signe pour comprendre la portée de son acte. Comme quoi, nous devons dépasser le stade de l’émotion et du spectaculaire pour comprendre !
En lisant le psaume LXVIII, on se croirait déjà dans le récit de la Passion. On y parle de celui qui sera rejeté par ses amis, méprisé, insulté, bafoué, déshonoré, à qui on donnera du vinaigre. Et pourtant, celui qui sera humilié et méprisé connaîtra le salut de Dieu qui le redressera. Nous avons déjà tout le mystère pascal présent.
Ainsi, le signe que Jésus donnera aux Juifs pour rendre compte de son acte, c’est le signe même de la croix ! D’ailleurs, le psaume LXVIII résume en lui toute la thématique du Serviteur Souffrant du prophète Isaïe (Isaïe LII-LIII) que l’évangéliste prendra soin de mentionner explicitement au dernier verset de la Passion (Jean XIX, 37). A travers cette Pâque « sensationnelle » à Jérusalem, Jésus prépare déjà ses disciples à comprendre sa « Pâque éternelle » !
Il renverse les marchands, car nous allons passer de l’ancien culte au nouveau. L’ancien se payait : brebis et bœufs pour les riches, colombes et tourterelles pour les pauvres. Le nouveau sera gratuit car Jésus, prenant la condition de serviteur en lavant les pieds de ses disciples, se donnera en offrande. L’ancien se célébrait dans le Temple, le nouveau sera célébré en Jésus lui-même, qui sur le bois de la croix sera l’autel. Cet évangile nous aide déjà à entrevoir la formule liturgique du temps pascal : « Christ est à la fois l’autel, le prêtre et la victime. »

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre de l’Exode XX, 1-17 ; Psaume XVIII (XIX) ;
Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens I, 22-25 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean II, 13-25