Paroisse Saint Loup


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Quatrième dimanche de Carême Année B

S 10 mars 2024 église Saint François de Sales, les Saillants-du-Gua

Son amour est infini

Les livres des Chroniques racontent l’histoire du double royaume israélite. Mais la fin de l’histoire va jusqu’au décret du roi Cyrus, qui invite les juifs à monter à Jérusalem. Or, le premier livre des Chroniques commence par une généalogie partant d’Adam, le premier homme et le premier pécheur. Le symbole est clair : de la chute du début à la montée de la fin. C’est un véritable résumé de l’histoire du salut.
L’élévation du serpent de bronze, dont parle Jean dans l’évangile de ce dimanche, a été comprise comme une référence à la Croix. L’iconographie chrétienne la représente sous la forme d’un serpent enroulé autour d’un crucifix. Certains commentateurs ont interprété le serpent élevé par Moïse comme une réponse au serpent du jardin, l’antique Ennemi du genre humain. L’élévation du Christ évoque alors la réconciliation entre Dieu et l’humanité.
De même que l’Hébreu mordu par un serpent est guéri s’il regarde le serpent de bronze, quiconque contemple le Fils de l’homme élevé sur la Croix a la vie éternelle. Nicodème ne peut pas réellement comprendre cette phrase de Jésus, la Croix n’étant pas encore advenue, même s’il pressent certainement que Jésus parle de guérison et de vie. Du reste, Jésus va s’employer à expliciter en quoi consiste la vie éternelle, expression que l’on trouve pour la première fois dans l’évangile de Jean.
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Ce verset fondateur représente une clef herméneutique, une parole-clef, c’est-à-dire un des fondements qui nous permet de comprendre les Écritures. Si Dieu aime le monde, ce n’est pas que le monde soit aimable, car chez Jean il représente celui qui n’a pas accueilli Jésus, qui ne reçoit pas l’Esprit de vérité, et qui se réjouira de la mort du Christ.
Si Dieu aime le monde c’est par une libre décision, parce qu’il le veut : l’amour de Dieu est un acte, dans le don du Fils. Ce don est unilatéral et inconditionnel, sa seule motivation est l’amour. En Jésus, Dieu se donne pour que l’homme soit plus humain, qu’il reçoive, s’il croit, la vie éternelle, non pas une vie exempte de mort biologique, mais une vie qualitativement éternelle, plus haute, plus longue et plus profonde que la vie biologique, en bref une vie digne de désir !
Filons la métaphore commencée en ce début de Carême, ou plutôt essayons de poursuivre notre cheminement de purification, d’apaisement envers la création tout entière : d’abord les animaux dont Dieu ne veut pas le sacrifice (cf. Évangile de dimanche dernier), et maintenant le monde végétal, la terre nourricière. Par la bouche de Jérémie (cité dans la première lecture), un avertissement de taille nous est donné : La terre sera dévastée et elle se reposera durant 70 ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les Sabbats profanés. Cette prophétie pourrait prendre une teinte menaçante, mais Paul rappelle que Dieu est riche en miséricorde, et il ajoute que c’est bien par grâce que nous sommes sauvés (deuxième lecture). Le prix de ce salut universel, c’est le Christ qui le paie : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle (Évangile). Alors pourquoi ne pas étendre cette grâce aux créatures animales et végétales que Dieu nous a confiées pour que nous en prenions soin ?

Prière du cœur : Nous te rendons grâces, Jésus, Christ, Fils du Très-Haut ! Tu as pour nous le visage de notre Père des Cieux, tu nous l’as dit : Qui me voit voit le Père. Reflet de sa bienveillance infinie, signe de son respect total pour notre liberté, tu as aimé tes proches, tes contemporains. De tous ceux qui peinent, tu as été le réconfort. Ton visage de respect a donné à Zachée la force du partage. Ton visage de supplicié a donné au bon larron la grâce du pardon. Ton visage de ressuscité a redonné la joie à Marie-Madeleine. En nous, tes disciples, accentue ta ressemblance, grâce aux dons multiples de ton Esprit. Car nous aussi nous sommes images de toi et du Père.

Père Thibault NICOLET

Références des textes : Deuxième livre des Chroniques XXXVI, 14-16.19-23 ; Psaume CXXXVI (CXXXVII) ; Lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens II, 4-10 ; Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean III, 14-21