Troisième dimanche de Pâques Année B
S 13/04/2024 église Saint-Barthélemy, le Gua et & D 14/04/2024 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Jésus se montre aux apôtres
Le Seigneur Jésus vient d’accompagner les deux disciples d’Emmaüs sur leur chemin et de leur dévoiler pas à pas tout ce qui concerne le Mystère de sa Passion et de sa Résurrection jusqu’à ce qu’ils le reconnaissent. Sans perdre un instant, ils sont revenus sur leurs pas pour annoncer aux apôtres et à leur chef, Pierre, que Jésus est ressuscité, qu’Il est vivant et qu’ils en sont témoins.
Le matin même, Pierre accompagné de Jean a trouvé le tombeau vide. Comment interpréter cela ? La rumeur de la Résurrection du Christ a bien circulé. Marie de Magdala et les femmes ont affirmé qu’un ange leur avait dit qu’Il attendait ses apôtres en Galilée. Mais est-il raisonnable de croire à cela ? Faut-il vraiment se réjouir ?
Le Christ connaît le cœur de son disciple. Il sait combien ces événements l’ont bouleversé, comme son reniement dont il ne s’était pas cru capable et qu’il a regretté si amèrement. En le choisissant comme chef, Jésus savait cela. Dans sa sagesse, Il a permis cette faiblesse afin que, devenu chef de son Église, Pierre puisse compatir à la faiblesse de ses frères… Et quand le regard du Maître a plongé dans le sien, il y a lu toute la tendresse de la Miséricorde. Puis Il lui a donné cette divine consolation d’une visite privée au matin de la Résurrection. En voyant devant lui « son Seigneur », il a retrouvé la paix du cœur et la force de remplir sa mission de chef. Alors il a rassemblé les apôtres et leur a donné son témoignage.
Voici que leur réunion se prolonge dans la soirée, à la lueur des lampes à huile. Ils sont heureux de ce que Pierre leur a dit. Leur foi est ravivée et leur espérance est ranimée.
Soudain, sans que personne ne sache comment, le Seigneur est entré pour se tenir là au milieu d’eux. Il les salue comme Il l’a toujours fait, les enveloppant de son regard. Leur stupeur est compréhensible. Ils le regardent ébahis, n’osant pas en croire leurs yeux. Tel un enfant qui voit tout à coup devant lui son père rentré à l’improviste d’un voyage.
Alors, Il leur offre tout simplement de vérifier qu’Il est bien Lui-même : « Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Palpez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. » Il leur donne ainsi la possibilité d’explorer les cicatrices de sa Passion. Ce dont Jean témoignera en affirmant : « Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie… nous vous l’annonçons. »
Fini le cauchemar ! Fini le désarroi ! La joie commence à sourdre dans leur cœur. Pour qu’aucun doute ne subsiste, voici qu’Il leur demande quelque chose à manger. Il veut leur donner les preuves matérielles dont leur esprit a besoin. Ses disciples sont des hommes de bon sens. Le concret, le palpable, le vu ou l’expérimenté valent davantage que toutes les démonstrations intellectuelles. Jésus sait bien qu’ils seront davantage en paix si leur esprit est éclairé sur ce que leur cœur pressent. D’ailleurs, Pierre, plus tard, appuiera sa prédication en évoquant ces repères de la vie concrète : « Nous qui avons mangé et bu avec lui. »
« C’est bien moi ! » Oui, c’est bien Lui qu’ils ont suivi pendant trois ans, Lui qui les a formés et instruits. Lui qui a été flagellé, qui est mort sur la Croix et qui a été enseveli dans le sépulcre. Il est bien la même personne, même si son Corps est doué de facultés nouvelles.
Mais il leur reste à faire le même chemin que les disciples d’Emmaüs. Eux aussi doivent comprendre que tous ces événements, qu’ils ont vécu, étaient dans le plan de Dieu, de toute éternité. Le Christ doit les élever à l’intelligence des Écritures comme Il n’a cessé de le faire tout au long de ces trois années passées avec eux. « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous. »
Ils sont pourtant restés dans l’esprit d’un Messie triomphant et libérateur du joug ennemi. Les Actes des Apôtres ne nous apprennent-ils pas qu’ils Lui posèrent de nouveau la question qui les préoccupait toujours : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Et une fois encore, avec l’infinie patience qui est la sienne, Il leur explique sa vie, sa mort et sa Résurrection, annoncées par les prophètes et chantées dans les psaumes. Tout cela était nécessaire pour que nous soyons délivrés cde l’emprise du Mal et restaurés, plus admirablement encore, devenant ainsi les fils de Dieu.
Maintenant qu’ils ont la certitude que la mort du Seigneur sur la Croix, loin d’être un échec, était le moyen choisi par Dieu pour nous manifester son Amour, ils sont prêts à Le suivre sur le chemin qu’Il leur a tracé, sur ce chemin de Croix où Il les a devancés. Il peut alors leur confier la mission qui deviendra celle de l’Eglise : proclamer la Bonne Nouvelle du Salut et la rémission des péchés.
Seigneur, nous sommes devant toi avec les apôtres. Nous ne disons rien. Nous t’écoutons. Nous nous remplissons de toi. Nous sommes prêts à aller là où tu veux nous envoyer. Notre arme sera ta Croix, chemin et certitude de notre victoire.
Références des textes liturgiques :
Livre des Actes des Apôtres III, 13-15.17-19 ; Psaume IV ;
Première Lettre de saint Jean II, 1-5a ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc XXIV, 35-48