11ème dimanche du Temps Ordinaire, Année B
Dimanche 16 juin 2024
D’une graine minuscule, il peut germer quelque chose de grand !
Il y a quelques semaines, nous étions en Bourgogne, où nous avons visité une moutarderie. L’occasion d’en apprendre plus sur cette plante – aussi appelée sénevé – dont Jésus nous parle dans l’évangile d’aujourd’hui. La graine que nous avons tenue en main est en effet très petite, à peine une tête d’épingle. Quand à la plante, elle ressemble beaucoup au colza que nous voyons fleurir en jaune dans les champs au printemps. Une grande plante, même si elle n’est pas vraiment énorme comparée à d’autres plantes que l’on trouve chez nous...
Mais je ne suis pas là pour vous faire un cours de botanique ! Jésus ne prend la graine de moutarde en exemple que pour nous dire que, d’une graine minuscule, il peut germer quelque chose de grand !
Par la parabole du semeur, Jésus veut aussi nous dire que, quand la graine a été mise en terre, ce qu’elle devient ne dépend plus du semeur. Si la terre était bien préparée, il faut juste du temps, et la pluie qui tombe à son heure pour que la graine germe, et donne naissance à une plante qui portera du fruit. Jésus vivait à une époque où on ne mettait pas de pesticides ni d’engrais dans les champs !
La graine – celle de moutarde, comme le grain de blé – c’est la parole de Dieu, c’est la parole de Jésus... Une parole qui, comme une petite graine, est semée en tous ceux qui l’entendent. Et la plante, c’est le royaume de Dieu. Le royaume de Dieu qui peut grandir en nous, si nous laissons la parole germer, grandir, s’épanouir et porter du fruit. Le royaume de Dieu, c’est le royaume de l’amour, un royaume qui nous est promis pour l’éternité, mais qui peut commencer ici et maintenant, là où nous vivons la parole, là où nous aimons nos frères.
La graine a été semée en nous, dès notre baptême. D’autres graines sont venue s’ajouter, par les gestes d’amour que nous avons reçu, d’abord de nos parents, par notre éducation chrétienne, par toutes les paroles que nous avons entendues. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est sûrement que ces graines, ou au moins quelques unes d’entre-elles ont pu germer et grandir !
Le semeur, c’est d’abord Jésus bien sûr, mais, par notre baptême, il nous passe le relais. C’est à nous désormais de transmettre sa parole, d’être des semeurs. Mais ce que nous avons semé ne nous appartient plus ! Au cours d’une célébration de baptême à laquelle j’ai assisté, le prêtre, après avoir rappelé aux parents, comme le veut le rituel, leur engagement de donner une éducation chrétienne aux enfants, a ajouté : ce qu’ils en feront plus tard, ce n’est plus votre affaire !
Dans mon ministère de diacre, j’ai souvent l’occasion de semer des graines. Par les baptêmes que je célèbre d’abord. Par la parole que je proclame ensuite, et dont je m’efforce d’être témoin – sans être sûr de toujours y arriver ! J’aimerais voir des fruits, mais cela arrive rarement, et si cela arrive, ce n’est pas forcément moi qui en serais témoin ! Et après tout, quand on célèbre des baptêmes, en particulier d’adultes, sur notre paroisse, nous récoltons sûrement le fruit de ce que d’autres ont semé !
Alors, efforçons nous d’être des semeurs, des semeurs humbles. Nos paroles et nos actes peuvent être autant de semences du royaume de Dieu. Ce que deviendront ces graines ne dépend plus de nous, mais de la grâce de Dieu et de la liberté de ceux en qui elles ont été semées ! Et les fruits ne seront pas toujours spectaculaires ! Une relation d’amitié qui nait, une personne qui s’ouvre un peu plus aux autres, un pardon, une réconciliation... Le royaume de Dieu dans toute sa splendeur, ce ne sera pas pour tout de suite ! Mais sachons en reconnaître les prémices, et rendre grâce !
Amen
Références des textes liturgiques :Ez 17, 22-24, Psaume 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16, 2 Co 5, 6-10, Mc 4, 26-34.