Treizième dimanche du Temps Ordinaire Année B
S 29 juin 2024 église Saint François de Sales, les Saillants-du-Gua
N’aie pas peur
Nous savons que les textes d’Évangile ne sont ni des comptes rendus, ni des procès-verbaux d’événements mais qu’ils ont été écrits et qu’ils nous sont transmis dans un but de catéchèse afin de nourrir notre foi. Consacrons donc quelques instants à les méditer pour prendre conscience de ce qu’ils veulent nous dire, à nous, aujourd’hui.
Un verbe revient plusieurs fois dans ce passage d’Évangile et c’est lui qui nous donne le cœur du message : c’est le verbe ‘sauver’. Jaïre supplie Jésus afin que sa fille soit sauvée et qu’elle vive. La femme qui souffre se dit : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » Et Jésus déclare : « Va, ta foi t’a sauvée… ». Il s’agit donc de salut et d’un salut qui s’identifie à la vie. Et c’est pourquoi cette Parole nous confronte à cette question essentielle : « Qu’est-ce qui donne vraiment du sens à ma vie ? » Et c’est là que le message de cet Évangile est d’un éclairage extraordinaire.
En effet, la manière même dont les situations sont racontées montre bien qu’elles sont signe d’autre chose. Voyons cela de plus près. Dans ces deux rencontres, il y a des différences et des similitudes. D’une part, une femme du peuple et, d’autre part, la fille d’un notable respecté. De plus, alors que la femme, à cause de son état de santé, était rejetée de la société et du culte, Jaïre, lui, a un rang social et une vie conformes à la loi ! La femme n’aurait même pas dû se trouver là !
Mais, en revanche, la femme est malade depuis 12 ans tandis que la petite fille est « à toute extrémité » alors qu’elle n’a que 12 ans. C’est curieux que la petite fille ait l’âge de la maladie de la femme ! 12 ans comme les 12 tribus d’Israël, comme les 12 apôtres. 12 : nombre biblique, symbole de l’universalité, comme les 144 000 sauvés de l’Apocalypse de saint Jean : 144, c’est 12 fois 12 !!!... Cela ne voudrait-il pas dire qu’il ne s’agit pas seulement d’une petite fille qui est en train de mourir et d’une femme qui, parce que malade ; est exclue de la société, mais qu’il s’agit de l’humanité tout entière, de vous, de moi, de chaque personne et de tout le monde, de l’humanité, qui a besoin d’être sauvée, d’être guérie, d’être conduite à un destin qui ne soit ni abîmé, ni salie, ni détruite par rien ni personne… C’est donc de la vie dont il s’agit, et quand il s’agit de la vie, rien n’arrête Jésus, pas même les interdits de la loi…
Autre similitude : la foi. Foi éclairée de Jaïre, qui était un chef de synagogue et foi hésitante mais hardie de la femme. Et Jésus, en rendant pleinement la vie à l’une et à l’autre en raison de la foi qui est exprimée, semble vouloir affirmer que nous avons toutes et tous besoin du don gratuit de la vie de Dieu pour, nous-mêmes, vivre pleinement.
Et puis il y a le geste qui est fait : le geste de la femme qui, venue par derrière dans la foule, touche le vêtement de Jésus et il y a Jésus qui saisit la main de l’enfant. La foi, ce n’est pas d’abord avoir des idées sur Dieu, savoir des choses sur Dieu ; la foi, c’est d’abord être en relation personnelle avec Dieu dans ce que l’on vit comme le montre cette attention qui fait dire à Jésus : « Mais qui donc m’a touché ? » ou qui lui fait demander : « Qu’on donne à manger à la petite fille… » La foi, c’est une relation personnelle.
Et puis, il y a, adressé par Jésus à Jaïre, ce merveilleux « Ne crains pas ! ». Mais de quoi Jaïre aurait-il pu avoir peur ? Tout simplement peur de s’être trompé. Il était venu vers Jésus pour lui demander de sauver sa fille et on vient de lui dire : « A quoi bon déranger encore le Maître, ta fille vient de mourir ! » Il a dû se demander pourquoi il avait pensé que Jésus aurait pu faire quelque chose. Et c’est alors que Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement ! » Non, Jaïre ne s’est pas trompé, car on ne se trompe jamais quand on écoute son cœur. On ne se trompe jamais quand on ose risquer de faire confiance à quelqu’un que l’on aime. On ne se trompe jamais quand on demande parce que l’on aime.
Enfin, qu’est-ce que Jésus a voulu dire quand il affirme, au sujet de l’enfant : « Elle n’est pas morte, elle dort ! ». Je pense qu’en citant cette parole, l’Évangéliste a voulu inviter les premiers chrétiens à vraiment croire que le Dieu révélé par Jésus-Christ est le Dieu de la Vie, et qu’il y a, au cœur de chaque vie, des sentiments, des choix, des engagements qui sont tellement riches de générosité, d’amour et d’accueil que rien, pas même la mort du corps, ne pourrait les détruire. Oui, il y a de la vie y compris dans un corps qui semble inerte.
A travers ces quelques pistes de réflexion, ce qui pourrait peut-être guider notre prière maintenant et au cours de la semaine, c’est la Parole que Jésus disait à Jaïre : « Ne crains pas, n’aie pas peur ! » Oui, n’ayons pas peur d’oser risquer de faire confiance à quelqu’un que nous aimons, que ce quelqu’un soit Dieu ou bien telle ou telle personne de notre entourage.
Bonne semaine, sous le regard de Dieu qui nous dit : « Ne crains pas, n’aie pas peur. J’ai confiance en toi ! »
Références des textes : Livre de la Sagesse I, 13-15 ; II, 23-24 ; Psaume XXIX (XXX), 2.4, 5-6ab, 6cd. 12,13 ; Deuxième Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens VIII, 7.9.13-15 ; Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc V, 21-43