Paroisse Saint Loup


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Cinquième dimanche du Temps Ordinaire – Année C

dimanche 10 février 2019 église Saint Jean-Baptiste de Vif

Une parole, un geste, une conversion du cœur qui ouvre à la mission

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir… » Aujourd’hui, comme au cours de chaque messe, nous le redirons encore au Seigneur quand Il sera présenté à nos yeux : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Le contraste entre sa sainteté et notre misère nous saisit, au point que nous avons envie de dire avec saint Pierre, tombant à genoux : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » Ou encore de dire avec Isaïe au Dieu trois fois Saint : « Malheur à moi ! Je suis un homme aux lèvres impures. » Conscients de cette distance entre Dieu et nous, nous sommes encore une fois émerveillés par le Seigneur qui, par sa grâce, vient jusqu’à nous, et qui, tout fragiles et indignes que nous sommes, nous appelle. Tels que nous sommes. Dieu est Saint. Dieu est Grand. Et dans sa sainteté et sa grandeur, Il s’est fait proche de nous qui sommes petits et pécheurs. « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir… »
Le récit de feu de la vocation d’Isaïe montre comment Dieu choisit parmi les hommes des collaborateurs à son dessein de salut. Il purifie le noble Isaïe pour le rendre digne de sa mission.
Avec le refrain « Saint est le Seigneur notre Dieu » nous faisons écho à l’acclamation des séraphins de la vision d’Isaïe. A la manière du psalmiste, nous sommes invités à nous prosterner d’adoration et de reconnaissance et à chanter la gloire de Dieu en présence des anges.
La mission de Paul, comme celle d’Isaïe, a commencé par une apparition du Seigneur de gloire. Paul est donc un témoin qui, comme les Douze, a vraiment vu le Christ ressuscité. Il nous en livre le message.
La toute-puissance de Jésus, manifestée par la pêche miraculeuse, fait prendre conscience à Pierre de son état de pécheur. Son adhésion entraîne celle de ses compagnons. Jésus, l’Agneau de Dieu qui porte les péchés du monde, veut en faire des pêcheurs d’hommes. Aussi, je propose de revenir sur les différentes scènes suggérées par cette belle page d’évangile.
Première scène. Jésus est là, au bord du lac. La foule se presse autour de lui et, pour se faire entendre, il s’éloigne du rivage sur une barque. Jésus parle certainement de ce Royaume qui est l’espérance d’Israël, de celui qui y règne, son Père, ce Dieu qu’ils adorent sans le connaître sinon par la Loi transmise par Moïse et illustrée par les prophètes.
Deuxième scène. Jésus a fini de parler. Il se tourne vers Simon et lui dit, en plein jour : Avance au large, et jette les filets pour prendre du poisson. Pour un pêcheur, c’est doublement insolite : on pêche de nuit et sur les hauts fonds, là où abonde la nourriture. Mais d’un autre côté, Jésus s’exprime avec autorité. Simon doit repenser à ce qui s’est passé lorsque sa belle-mère a été guérie. Là aussi Jésus avait fait preuve d’autorité : il avait menacé la fièvre (Luc IV, 39). Puisque Jésus a pu triompher de la maladie, pourquoi n’aurait-il pas raison de lui donner cet ordre ? Et le miracle se produit : ils prennent quantité de poissons. La foi repose sur la confiance.
Troisième scène. Laissant tout, ils le suivirent. Les miracles de Jésus sont destinés à susciter la foi ou à la confirmer. Mais la foi n’est pas que tranquille possession de vérités. Elle est un appel qui exige une réponse. La foi met en mouvement, fructifie en œuvres, sinon elle est morte. Face à Dieu, il faut se positionner. Pierre et ses amis vont désormais tout miser sur Jésus. Le miracle accompli par Jésus a une double valeur. D’une part il fait signe : il est une invitation à s’engager à la suite de celui qui fait signe. D’autre part il a un sens intrinsèque que Jésus dévoile : Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. Si la mer est le symbole de la mort, alors tirer des hommes à la mer ce n’est pas les tuer mais bien les arracher à la mort. Jésus confie donc à Pierre et à ses compagnons sa propre mission. Lui, le seul Sauveur, a voulu s’associer des collaborateurs qui puissent le représenter. Eux aussi, à leur niveau, sont envoyés par le Père. Leur mission, c’est celle que résume Paul dans la deuxième lecture : il s’agit de proclamer le mystère du salut, de prêcher la foi.
Ces hommes qui suivent Jésus partout où il va, selon la belle expression de l’Apocalypse, ce sont surtout les apôtres. Les foules à enseigner n’ont jamais été aussi nombreuses, la masse des chrétiens et la masse encore plus grande de ceux qui ne connaissent pas vraiment le Christ. Jésus a tout accompli sur la croix. Mais il faut que cet acte définitif soit notifié à tous, toujours et partout. Jésus a besoin de nouveaux collaborateurs aujourd’hui : soyons-en !

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre du prophète Isaïe VI, 1-2a. 3-8 ; Psaume CXXXVII (CXXXVIII) ;
Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens XV, 1-11 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc V, 1-11.