Huitième dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Samedi 02 mars 2019 église de Saint-Paul-de-Varces
« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Christ ne s’est pas désintéressé de ce qui allait suivre son passage sur la terre. Au contraire, une fois parti pour le ciel, Il a continué à penser à la vie concrète de ses amis. Il savait qu’ils auraient à s’instruire mutuellement, dans la suite de ce qu’Il leur avait appris. Mais quelle responsabilité d’instruire ses frères lorsque l’on sait dépendre entièrement des inspirations du Maître intérieur !
S’il est des passages dans l’Évangile où Jésus semble écarter l’idée selon laquelle nous aurions des maîtres ou des pères sur la terre (notre seul Maître c’est bien Lui et son Père est bien notre véritable Père), il en est d’autres où, tout en avertissant maîtres et disciples de se garder de toute illusion, Il rappelle néanmoins l’utilité d’une certaine direction spirituelle pour avancer dans la vie chrétienne. La Tradition de l’Église n’a pas oublié cet aspect des choses et saint Paul déclarait déjà : « Auriez-vous en effet des milliers de pédagogues dans le Christ, que vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui, par l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus » (Première Épître aux Corinthiens IV, 15).
Le début de l’Évangile de ce dimanche fait partie de ces textes où Jésus nous parle de l’attitude juste à avoir en ce domaine.
Nous y lisons : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. » Les deux phrases sont parallèles : l’une concerne le maître et l’autre regarde le disciple.
Au maître, il est rappelé que, pour avoir quelque chose à apporter à celui qui le suit, il faut qu’il ait une expérience de la vie intérieure. Si tout ce qu’il peut dire est par ouï-dire, s’il répète des discours entendus, s’il n’est pas « voyant », il ne peut prétendre guider personne : c’est un aveugle qui mène un autre aveugle !
Quant au disciple, il faut qu’il se méfie de la tentation de se comparer à son maître. Peut-être sur certains points se croira-t-il plus avancé, mais l’attitude juste consiste à reconnaître que l’on a tout à apprendre et que l’on est toujours un débutant.
En restant dans cette humilité devant le maître humain, il ouvrira plus largement son cœur au Maître divin qui profitera de ces dispositions pour le combler en secret. Il aidera aussi son guide à progresser lui-même, stimulé par la simplicité de son disciple, et à s’en remettre davantage à l’inspiration d’En-Haut.
Qui que nous soyons, nous avons besoin d’apprendre à servir Dieu, alors n’ayons pas peur de demander de l’aide !
Et cette aide, demandons-là à Jésus ; Il est la lumière du monde et il est impossible de tricher avec Lui. Dès que nous nous approchons de Lui, Il nous révèle à nous-mêmes et nous prenons alors conscience de nos manquements, de nos limites et de nos failles, mais dans une grande douceur. Car si nous nous laissons faire, si nous acceptons son regard, Il nous enveloppe de son amour et nous offre sa Miséricorde. Alors nous sommes retournés, bouleversés et nous n’avons plus envie de juger, de condamner et de notre cœur jaillit une prière de bénédiction pour notre frère : « Bénis, purifie, sanctifie mon frère. » Notre cœur, guéri par le regard de Jésus, peut à son tour devenir source de guérison, quelle merveille !
Révèle-nous, ô Dieu, ton Amour et fais-nous comprendre que Tu nous aimes comme un père qui aime ses enfants et non comme un maître qui apprécie ses serviteurs. Révèle-nous ton Désir pour chacun d’entre nous, celui de nous donner à tous ce qui fait ta Vie, ta Force et ta Tendresse. Révèle-nous ce qui fait notre vie, ce qui nous anime au plus profond de notre cœur, ce qui nous fait reconnaître comme tes enfants, de toute éternité.
Références des textes liturgiques :
Livre de Ben Sira le Sage XXVII, 4-7 ; Psaume XCI (XCII) ;
Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens XV, 54-58 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc VI, 39-45.