Troisième dimanche du Temps Ordinaire Année C
S 22/01/2022 église de Saint-Paul-de-Varces
Retour au pays
Retour au village, autant dire à la maison, pour notre Christ, heureux de retrouver sa mère dont la prière se fait un sang d’encre en songeant que son Fils est en train d’écrire l’Evangile au risque de sa vie et demain avec sa mort. Le texte sacré ne dit rien de cette rencontre. Secret de famille, et de polichinelle, car il est impossible d’imaginer un seul instant que Jésus eût pu venir à Nazareth sans demeurer quelques heures auprès de Marie. Toutefois il est vrai que son premier souci le tourne vers la synagogue avec ce profond désir de voir ses frères juifs pénétrer au plus vite dans la confiance envers sa personne, lui qui est venu dans le monde offrir le judaïsme le plus pur ou plus précisément le plus épuré. Son programme est déjà écrit dans le livre d’Isaïe dont il vient de déployer le rouleau. Hasard programmé en haut lieu, il tombe sur un passage qui lui va comme un gant. Il le lit et l’accomplit. Nous apprenons alors qu’il a été sacré par son Père, qu’il a l’intention de prêcher à un auditoire de paumés, de libérer les prisonniers d’eux-mêmes ou de la justice humaine, de délivrer les aveugles de leurs cannes blanches et de mettre à mort toutes les formes d’oppression dont l’Homme, son frère, est victime. Et c’est l’admiration qui jaillit des yeux et des lèvres de ces villageois, bruts de décoffrage, frappés par l’éloquence d’un compagnon de jeunesse.
Tout un chacun ne peut pas admirer sa mère. Il en est des épouvantables, des dures de cœur, voire des sans-cœur qu’il est bon d’éloigner de la maison et de l’esprit. Mais si, par bonheur, la mère est à sa place en tenue de bonté, malgré quelques fâcheux penchants tels que la curiosité, la possessivité ou la jalousie, le lien doit être maintenu et surtout entretenu par quelques visites sans ingérence excessive, ni d’un côté ni de l’autre, sachant que ce n’est jamais sans dommages collatéraux que l’on se sépare de la matrice. Jésus et Marie se voyaient, le temps de s’aimer en se regardant, en se parlant, en s’estimant, et même en s’adorant, avant de regagner le cours de leur vocation propre. Pour Marie, ce sera la vie la plus simple qui soit, et pour Jésus, la plus compliquée possible, car il s’agit pour lui de mettre en œuvre un plan d’attaque apostolique qui, depuis sept cents ans, dort sagement dans le livre d’Isaïe. Avec Dieu notre Père, la patience est de rigueur ; il faut savoir attendre l’heure, et un jour ou l’autre, un siècle ou l’autre, elle surgit… A la bonne heure !
Références des textes liturgiques :
Livre de Néhémie VIII, 2-4a. 5-6. 8-10 ; Psaume XVIIIB (XIX) ;
Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens XII, 12-30 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc I, 1-4 ; IV, 14-21