Homélies
22 janvier 2025
Fête du Baptême du Seigneur
S 11 /01/2025 église Saint-Barthélemy, le Gua et D 12/01/2025 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Immersion et conversion
Le Temps de Noël s’achève avec la fête du Baptême du Christ. Environ deux siècles avant l’ère chrétienne, des courants juifs considèrent que le sens spirituel de certaines traditions s’est amoindri. Ils proposent alors un rite d’immersion pour symboliser un engagement à la conversion. C’est ce baptême d’eau conféré par Jean-Baptiste, qui annonce celui opéré par le Christ, dans l’Esprit Saint et le feu, qui sera donné lors de la Pentecôte.
L’oracle du prophète anonyme appelé communément « second Isaïe » diffère de la version qui en est donnée dans les Évangiles. Ces derniers citent la Septante, qui s’exprime en ces termes : « Tout être de chair verra le salut de Dieu ». Le texte hébreu évoque la gloire du Seigneur. Mais ce que le prophète annonce, c’est une intervention de Dieu en faveur de son peuple ; dans cette optique, les deux versions s’accordent. Dans le Nouveau Testament, cet oracle est appliqué au ministère de Jean-Baptiste, le Précurseur du Christ.
Ceux qui viennent auprès du Baptiste sont dans l’attente du Messie annoncé par les Écritures, c’est la raison pour laquelle ils se demandent si Jean n’est pas le Christ. Leur cœur est disponible, leur regard est clair, leur esprit est éveillé : ils attendent la libération annoncée par Isaïe, à laquelle le Baptiste a fait allusion. Et ils espèrent…
Ils espèrent, tout comme Syméon le vieillard devant le nouveau-né (Luc II, 25), ou Anne la clairvoyante, qui voit en ce bébé la rédemption de Jérusalem (Luc II, 38). Ils espèrent mais ils ne savent pas encore, tandis que nous, aujourd’hui, savons, mais sans nécessairement espérer quoi que ce soit. Pourtant, le salut arrive, il est proche, il s’incarne en ce cousin de Jean qui vient se faire baptiser au milieu du peuple, au sein de son peuple. Alors le ciel s’ouvre au-dessus de lui…
Mais pourquoi Jésus se fait-il baptiser, puisque le baptême signifie un changement radical de vie, une conversion totale ? Jésus n’a pas à changer sa façon de vivre, il ne connaît pas le péché, il n’a pas à se repentir de mauvaises actions. Mais en Jésus, le Christ s’est fait l’un de nous : homme parmi les hommes, il a assumé son humanité dès les origines et jusqu’au terme de sa vie terrestre, humanité pécheresse et mendiante de repentance et de pardon. « Jésus priait, le ciel s’ouvrit » : Luc est le seul à mentionner la prière de Jésus au moment de son baptême. Tout au long de son ministère, les évangiles nous montrent Jésus en prière, le plus souvent seul, dans un endroit désert ou retiré. Pourquoi n’aurait-il pas prié son Père au moment même d’entrer dans sa mission ? Nul ne connaît les mots de la prière du Christ, mais l’évangile nous en révèle les effets : « l’Esprit Saint descendit sur lui ». Lorsque Jésus est plongé dans les eaux du baptême, il devient totalement homme, et il est déclaré Fils de Dieu (« tu es mon Fils bien-aimé »).
« Comme une colombe » : cette image d’un oiseau humble mais immaculé figure l’Esprit Saint. La présence de Dieu en nous est semblable : intime, personnelle et symbolique, symbole qui renvoie à plus que lui-même, unissant deux dimensions totalement différentes et pourtant compatibles : le monde des hommes et le monde de Dieu.
Merci Seigneur pour notre baptême ! Quand le signe de la croix fut tracé sur notre front, c’est Toi qui nous adoptes, Tu nous as donné ton Nom, et nous sommes devenus tes enfants bien-aimés, Père plein de tendresse.
Merci Seigneur pour notre baptême ! Quand l’eau a coulé sur notre front, nous avons été plongés dans ta Pâque, et nous savons qu’avec Toi désormais, jamais le mal ne nous submergera. Ta main tendue nous tirera du gouffre. Notre lutte est victorieuse et nous attendrons ton Royaume de Justice et d’Amour !
Merci Seigneur pour notre baptême ! Quand l’huile sainte a pénétré notre front, ton Esprit est venu nous habiter, Esprit de liberté et de joie. Notre existence est grande et belle ; l’Esprit nous entraîne avec tout Ton peuple vers la fête éternelle de la communion en Toi.
Références des textes :
Livre du prophète Isaïe XL, 1-5.9-11 ;
Psaume CIII (CIV) ;
Lettre de Saint Paul apôtre à Tite II, 11-14, III, 4-7 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc III, 15-16.21-22
9 janvier 2025
Solennité de l’Epiphanie du Seigneur
S 4/01/2025 église Saint-Pierre, Saint-Georges-de-Commiers et & D 5/01/2025 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Guidés par une étoile
Nous voici à la crèche pour nous prosterner en geste d’adoration avec les Mages venus rendre au Seigneur l’hommage du monde païen. Au-delà de ce que l’imagerie populaire a transformé en « fête des rois », qui prolonge chez nous l’ambiance de liesse accompagnant Noël, « Épiphanie » signifie « manifestation ». Nous célébrons la révélation faite au monde de l’Incarnation de Dieu en notre humanité. Et l’Orient en célèbre, aujourd’hui, les trois manifestations : l’adoration des Mages, c’est-à-dire la reconnaissance de l’Incarnation de Dieu par toutes les nations ; le baptême du Christ, c’est-à-dire la reconnaissance de son Incarnation par son Père ; et son premier miracle, à Cana, c’est-à-dire la première prière exaucée, celle de sa Mère !
Il s’est d’abord révélé aux plus humbles. Ces bergers avaient le cœur assez pur pour accueillir le message des anges et pour accourir jusqu’au Seigneur sans se poser trop de questions. Puis c’est le tour de savants, débordants de richesses et venus de lointains pays. Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Autant de questions qui importent peu à Matthieu, plus soucieux de nous montrer le sens de leur démarche que de nous renseigner d’un point de vue historique.
Pourtant la réaction d’Hérode nous prouve qu’il ne s’agit pas d’une légende. La prophétie de Balaam, rapportée au Livre des Nombres, annonçait que la venue du Messie serait liée à l’apparition d’une étoile. C’est pourquoi Hérode prend très au sérieux cette histoire que les Mages ont vu se lever et qu’ils ont poursuivie jusqu’à ce qu’elle disparaisse à leurs yeux, près de Jérusalem. Il se fait préciser la date où elle est apparue et alerte scribes et docteurs de la Loi. Les renseignements que lui fournissent ces spécialistes de l’Ecriture sont formels. Outre la prophétie de Balaam, le prophète Michée, lui, a situé la naissance du Messie à Bethléem. A la peur qui s’empare d’Hérode succède bientôt la détermination à éliminer ce jeune roi dont la destinée inscrite dans le ciel ne peut qu’exacerber sa jalousie démentielle. Faisant semblant d’être prêt à rendre les honneurs dûs au Seigneur, il invite les Mages à revenir lui rendre compte de la véracité de tous les indices.
Ce qui est extraordinaire dans cette histoire, que nous connaissons bien, n’est pas tant le fait que des Mages, férus d’astronomie, se soient mis en route avec leurs caravanes pour suivre l’itinéraire d’une nouvelle étoile. L’astrologie était déjà à la mode. On scrutait le ciel, un horoscope étant déterminé à partir de la levée d’un astre. Il n’est pas impossible que les Mages aient eu connaissance des prophéties annonçant la venue d’un Messie en Israël, c’est pourquoi ils ont identifié cette nouvelle étoile ou cette configuration exceptionnelle d’astres comme celle de ce roi tant attendu.
Ce à quoi nous prêtons moins d’attention, c’est qu’ils se sont mis en route en emportant de somptueux présents. Même si la générosité orientale est légendaire, les cadeaux qu’ils emportent manifestent quelque chose de particulier qui n’a pu que leur être soufflé par l’Esprit-Saint. Il y a de l’or pour signifier que Jésus est roi, de l’encens pour signifier qu’Il est Dieu et de la myrrhe car Il s’est fait homme et comme nous Il traversera la mort. Ainsi eux, des païens qui ignoraient tout du Seigneur, avaient bien l’intention, en quittant leur pays, de se rendre auprès de Jésus pour se prosterner devant Lui en geste d’adoration et de reconnaissance.
Or, arrivant dans la capitale, au palais royal où devait vraisemblablement résider le petit roi, que trouvent-ils ? Des experts en Écriture qui déploient leurs rouleaux et scrutent les textes. Leurs connaissances sont parfaites. Elles confirment et complètent le sens de l’étoile. Malheureusement, leur orgueil les enferme dans cette connaissance de la lettre. Aussi vont-ils passer à côté de la plus grande joie de leur vie, celle de reconnaître dans le jeune enfant de Bethléem le Messie qu’ils espèrent : Dieu qui vient à eux pour les attirer à Lui. Et ils laisseront des étrangers, des païens, Le reconnaître à leur place.
Seigneur, aide-nous à ne pas nous enfermer aveuglément dans nos connaissances et dans nos convictions ! Aide-nous à avoir cette certitude que Tu peux intervenir quand Tu veux et de la manière que Tu veux dans nos vies ! Aide-nous à avoir les yeux toujours levés vers le Ciel, à garder ouverte la fenêtre de notre cœur pour savoir reconnaître l’étoile qui nous indiquera le chemin sur lequel Tu nous attends !
« Dans les bras de Marie, l’Enfant divin ravi sourit aux invités. De sa main il leur dit : ‘Amis, je vous bénis, je vous donne ma paix, semez-la sur le monde en rayons d’infini, donnez chant aux vergers, mon étoile, en vos cœurs, déliera toute nuit, ma joie venez glaner. »
Références des textes :
Livre du prophète Isaïe LX, 1-6 ;
Psaume LXXI (LXXII) ;
Lettre de Saint Paul apôtre aux Éphésiens III, 2-3a.5-6 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu II, 1-12