Homélies
5 septembre 2024
Vingt-deuxième dimanche du Temps Ordinaire Année B
S 31/08/2024 église Saint François de Sales, les Saillants-du-Gua et D1/09/2024 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Des apparences trompeuses
C’est une étrange discussion à laquelle l’évangile nous fait assister ici. Des scribes et des pharisiens prennent Jésus à partie car ses disciples ne se lavent pas les mains avant les repas. C’est important d’avoir les mains propres avant de manger et les parents le rappellent souvent à leurs enfants. Pour la religion juive, ce n’est pas une simple question d’hygiène, mais c’est un geste de purification : avant de prendre son repas, il est bon de se laver les mains, c’est le signe que l’on a un cœur pur, que l’on mène une vie sainte, irréprochable.
Jésus nous fait comprendre que Dieu ne s’arrête pas à la propreté de nos mains. Ce qui importe est ce qui remplit notre cœur, ce sont nos pensées, bonnes ou mauvaises, qui nous font agir en révélant vraiment ce que nous sommes. Jésus demande : « Qu’est-ce qui est le plus important ? Se laver les mains dans les règles pour donner une bonne image de soi ou avoir un cœur pur qui aime Dieu ? » Les hommes s’arrêtent aux apparences, Dieu seul connaît notre cœur.
Le signe de la grandeur du Peuple élu aux yeux des nations païennes réside dans la proximité de son Dieu. « Quelle est la grande nation dont les dieux sont aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous à chaque fois que nous l’invoquons ? » (première lecture). Cette proximité se réalise à travers l’application des préceptes dont la sagesse prolonge la sainteté de Dieu. Cette présence de Dieu atteint toute sa profondeur avec le Christ qui nous invite à l’accueillir dans l’intimité de notre cœur. C’est dans cette intimité que le disciple peut accomplir cette purification intérieure, toujours nécessaire – « c’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses » et « pratiquer la religion de manière pure et irréprochable » (deuxième lecture). C’est en accueillant d’abord « la Parole semée en lui et les dons qui descendent tous du Père de toutes les lumières » qu’il rend son cœur semblable à celui de son Maître.
A l’époque actuelle où l’on se demande de quels péchés l’on pourrait bien se confesser, l’enseignement inclus dans l’évangile devrait éclairer nos consciences. Il est vrai que nous ne nous interrogeons plus sur ce que nous devons manger ou pas comme le font les contemporains de Jésus, ni sur la façon de manger. Mais nous devrions contextualiser la parole de Jésus : « Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur ». D’autant que Jésus prend la peine d’énumérer un certain nombre de ces mauvaises productions du cœur de l’homme. Car l’homme, dans sa situation de pécheur, ne peut rien produire sans l’aide de Dieu, si ce n’est le péché. Et c’est le péché qui le rend impur.
Cette impureté, dans le langage de saint Marc, désigne moins une impureté morale ou une impureté légale qu’une ressemblance, une vraie complicité avec l’esprit du mal, que Marc désigne habituellement comme l’Esprit impur. Jésus veut prévenir ses contemporains d’un légalisme matériel qui, avec sa venue, n’a plus de sens. Il veut nous rappeler à quelle profondeur se situe désormais notre combat. Nous sommes menacés de l’intérieur. C’est de notre cœur que vient ‘tout ce mal’. Car le cœur de l’homme, dont la vocation est d’accueillir le règne de Dieu, est un champ où l’ennemi sème l’ivraie qui menace la moisson. Ainsi tous ces péchés que Jésus énumère sont comme les noms des victoires que l’ennemi remporte en nous, contre Dieu. Se débarrasser de son péché, par le sacrement, c’est avant tout rendre notre cœur à Dieu. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ! »
Références des textes :
Livre du Deutéronome IV, 1-2.6-8 ;
Psaume XIV (XV), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5 ;
Lettre de saint Jacques I, 17-18.21b-22.27 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc VII, 1-8.14-15.21-23
30 août 2024
Vingt-et-unième dimanche du Temps Ordinaire Année B
D 25/08/2024 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Croire en Jésus
L’événement rapporté dans la première lecture est connu sous le nom d’assemblée de Sichem. Les Israélites, sous la conduite de Josué, viennent d’achever la conquête de la Terre promise, alias Canaan. Josué a donc presque achevé sa tâche. Avant de laisser sa place de chef, il veut s’assurer de la fidélité d’Israël envers son Dieu. Il leur pose donc une question : veulent-ils servir le Seigneur leur Dieu ou non ? Et il les met au défi de choisir d’autres dieux. Plus tard, Élie posera une question similaire : est-ce le Seigneur, YHWH, ou Baal qui est Dieu ? La réponse impose de suivre et d’adorer l’un ou l’autre.
Le psaume de ce dimanche inclut, quant à lui, un verset qui peut nous choquer : « Le Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur mémoire ». Qu’en serait-il alors de la miséricorde divine qui veut la vie de tous ses enfants ? Une lecture symbolique permet d’intérioriser cette affirmation du psalmiste : Dieu qui n’est que bonté ne peut accueillir en lui le mal, et s’il aime tous les humains et ne veut que leur bien, il anéantit (littéralement ‘renvoie au néant’) le péché, c’est-à-dire ce qui défigure le visage de l’homme et de la femme. Jésus, qui priait avec les psaumes chaque jour, le dira autrement : l’ivraie de nos péchés sera brulée (le mal tuera les méchants), il ne restera de nous que le bon grain, la part de nous-même qui aura accueilli l’amour, et l’amour est Dieu, qu’on le nomme ou non.
La page d’évangile de ce dimanche nous rapporte la suite logique et la fin apparente du discours johannique sur le pain de vie : à l’intérieur même du groupe des proches de Jésus, qui l’accompagne depuis quelque temps déjà dans sa mission, des tensions montent et explosent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Mais qu’est-ce qui est dur à entendre pour les disciples ? Devoir manger la chair et boire le sang de Jésus (évangile de dimanche dernier) ? Entendre que Jésus est le salut du monde ? Qu’il est le Fils de Dieu ?
On peut comprendre la déception de certains qui ont suivi Jésus : ils ont assisté à la multiplication prodigieuse des pains, ils ont voulu l’obtenir à l’infini et faire de lui un roi donateur de tout le nécessaire à la vie biologique, exempte de souci matériel. Alors Jésus répond sur le même registre : « C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. » Et les disciples déçus, qui ne comprennent pas, le quittent.
Jésus laisse partir beaucoup de disciples ; non seulement il ne les retient pas mais il propose à ceux qui restent, aux Douze, de les suivre ! Cette attitude provoque Pierre, le porte-parole de ses compagnons, à répondre et à s’expliquer sur son choix, sur son désir : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! » Pierre a entendu avec son cœur le discours de Jésus, il a perçu que le don du pain devait être quelque chose d’infiniment plus grand, plus vivant qu’une simple miche apte à remplir un estomac affamé.
« Nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Cette véritable confession de foi est une confirmation de ce que Jésus a dit. La foi est une réponse à un appel de Dieu, elle repose sur une rencontre personnelle, sur une certitude intérieure plus forte que les événements de l’histoire, sur une expérience qui n’est pas tributaire des circonstances. Oui, la foi est une adhésion à quelque chose – à Quelqu’un – qui nous dépasse et nous englobe à la fois : Jésus, le Christ, Fils de Dieu Sauveur.
Dieu qui nous mets au monde pour engendrer le tien, nous partageons le Pain où notre vie se fonde. Si toute chose passe et porte en soi sa mort, nous deviendrons le Corps heureux de rendre grâce !
Dans cet âge où l’épreuve embrume nos chemins, nous partageons le Pain qui fait de nous ton peuple. Ouvre-lui des passages et nous irons dehors ! Nous deviendrons le Corps chargé de tes louanges.
Pour être ta justice et nous lier en Un, nous partageons le Pain qui purifie l’Eglise. Prends-la dans ta confiance et parle-lui au cœur : nous deviendrons le Corps gardien de ton Alliance.
« A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’Univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. »
Références des textes :
Livre de Josué XXIV, 1-2a.15-17.18b ;
Psaume XXXIII (XXXIV), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23 ;
Lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens V, 21-32 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean VI, 60-69